La Médaille d’Or de la Syrie

Publié le 31 juillet 2012 par Alteroueb

Les habitués de ces pages savent qu’il est des sujets que je n’aborde pas d’emblée. Ce n’est pas qu’ils ne me touchent pas, bien au contraire, mais je sais trop le poids démesuré donné à la communication pour permettre d’évoquer des événements dramatiques comme l’actuel massacre qui se déroule en Syrie sans être instrumentalisé, manipulé. Je ne suis qu’un simple observateur, sans sources privilégiées. Je ne fais que réagir avec mon libre-arbitre, mon éducation et mes lectures. L’actuelle campagne de Médecins du Monde m’a fait changer un peu d’avis.

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En l’absence d’observateurs, de journalistes et d’ONG, systématiquement pris pour cibles, la situation dans ce pays est au-delà du chaos. Bachar El-Assad a vraisemblablement dépassé son despote de père, ordonnateur en 1982 d’une féroce répression à Hama causant vraisemblablement plus de 20.000 morts, laissant déjà la communauté internationale impuissante et incrédule. Depuis quelques mois, l’histoire recommence : le tyran qu’on a hier invité en grandes pompes dans le pays des Droits de l’Homme fait donner la troupe contre le peuple. S’en suit un numéro de haute voltige : on ergote de partout sur les protections chinoises et russes au Conseil de Sécurité de l’ONU en oubliant de souligner que le veto rouge arrange un occident faussement outré. La réalité est implacable : personne n’est près à envoyer des troupes à Damas, personne ne veut froisser ce berceau d’authentiques plaques tournantes du terrorisme mondial sous peine de se voir immédiatement frappé… A se demander si, en sous-main, on ne demande pas aux protecteurs de Damas de poursuivre leur entreprise, moyennant de possibles contreparties occultes…

L’attention du monde est ailleurs. A Londres, la flamme diffuse dans l’atmosphère les valeurs sacrées de l’olympisme mais aussi du microcosme des affaires. La défense de la veuve et de l’orphelin, même menacés par les hélicoptères de combat, cela peut attendre. Il faut d’abord protéger les intérêts des argentiers des jeux, quitte à piétiner allègrement les grands principes de libertés fondamentales, quitte à dépenser sans compter pour surveiller et traduire en justice quiconque utilise la plus insignifiante image des JO, faisant dire à Patrick Clastre que le CIO a besoin «d’une dictature ou d’un pays ultralibéral» pour fonctionner…

La Syrie de Bachar fait ses propres jeux chez lui et concourt pour la pire des médailles. Aucune des règles du droit international ne sont respectées. Même la trêve olympique, cette période de paix durant l’olympiade, qui fait d’ailleurs l’objet d’une résolution à l’Organisation des Nations Unies, est ignorée. L’ONU, c’est l’autre grande victime, totalement paralysée par les lobbys et les intérêts commerciaux des firmes multinationales qui dictent leurs conditions aux états influents.

Une partie du monde s’indigne, une autre s’en moque, et devant ce constat d’impuissance politique, il reste le message des ONG et des humanitaires. Cela peut sembler dérisoire, mais il n’en est rien : il faut continuer à informer, à dénoncer, à mettre la pression. La constance finira par payer.

A vous de jouer, diffusez ! (hashtag #AppelSyrie)