En élisant François Hollande, les Français ont voté pour la proposition 21 du candidat socialiste qui prévoyait une aide médicale pour mourir dans la dignité. Le président a cependant souhaité pour mettre en œuvre sa proposition nommer un nouvel expert, médecin de surcroit.
Si, sur un sujet toujours très sensible dans la classe politique, je peux comprendre la volonté de vouloir déminer le sujet en engageant un débat, je pense cependant que la méthode choisie n’est pas judicieuse, car les experts ce sont d’abord les 65 millions de Français qui vont tous, un jour, mourir.
En France, on a pris l’habitude de médicaliser la fin de vie alors qu’il s’agit d’un sujet citoyen. En nommant une nouvelle fois un grand mandarin, dont on connaît l’opposition à la légalisation de l’euthanasie, cela a donné un mauvais signal aux partisans de l’Ultime Liberté – plus de 90% des Français selon les derniers sondages....
Les premières déclarations du Pr Sicard ne nous ont d’ailleurs pas vraiment rassurés.
En effet, ce dernier, dans la Croix, a d’abord annoncé qu’il n’en consulterait pas les associations car, selon lui, on connaît leur opinion ! Alors que François Hollande n’a cessé de dénoncer le mépris de Nicolas Sarkozy vis-à-vis des corps intermédiaires, la personne qu’il nomme fait fi des promesses présidentielles. L’ADMD, que je préside et qui réunit près de 50 000 adhérents, serait ainsi contournée… Même Le bon docteur Leonetti n’avait pas osé !
Pire, dans une interview au Monde, il assure que la loi actuelle est très bonne et qu’il faudra peut-être changer un ou deux articles…
Avant même de lancer un pseudo débat citoyen, le Pr Sicard nous donne donc la réponse, comme en son temps, Jean Leonetti avec les deux commissions qu’il présida.
Si le président veut connaître l’avis du peuple, je ne peux que lui suggérer de faire une consultation populaire pas le biais d’un référendum.
Car oui, nous sommes tous experts de notre propre vie. Car oui, note corps nous appartient !