Auteur : Koulsy Lamko
Editeur : Philippe Rey
Nombre de pages : 284
Date de parution : avril 2011
Présentation de l'éditeur :
Un écrivain africain vivant à Mexico est atteint d’un incroyable mal : une allergie au papier… Son étiopathe lui conseille de voyager, de retrouver la nature. Il part donc dans le Yucatan animer des ateliers d’écriture dans un village de réfugiés de la guerre du Guatemala des années quatre-vingt. Une de ses stagiaires, Teresa, lui présente son journal des années de guerre. Fasciné par ce texte, l’écrivain décide de l’aider à le rédiger jusqu’au bout. Il va amener Teresa à accoucher des démons qui sommeillaient dans sa mémoire. Mais il va aussi réveiller les siens…Généreux et ambitieux, ce roman tisse des liens solides entre l’imaginaire latino-amérindien et celui d’une Afrique confrontée aux affres des guerres, des trahisons multiples, des errements de politiques suicidaires.
Mon avis :
"Mon humble voeu secret était qu'au terme de sa lecture du livre, le lecteur se rende compte que j'avais écrit pour dire que cela ne servait à rien de raconter l'horreur du monde et que les mots ne suffisaient pas , n'avaient pas le dos assez large pour porter les corps et les cœurs déchirés."
L'auteur qui a vécu pendant la guerre civile au Tchad , exilé, imagine dans ce roman qu'il ne peut plus écrire son histoire du fait d'une allergie au papier. Sur les conseils de son thérapeute, il rejoint un village de mayas, exilés suite à la guerre du Guatemala des années 80 dans ce village mexicain de Kesté.
En aidant Teresa à écrire ses mémoires de réfugiée traumatisée par les horreurs de l' extermination des mayas, et en écoutant Maria, il tente d'exhumer son histoire personnelle et celle de Léa, son amie d'enfance, dont le père et le mari ont été tués sauvagement par ce guerrier qu'elle prendra ensuite comme concubin. Et reviennent sans cesse cette adulation pour son bourreau et l'image de "ce pays de merde que j'adore."
Car l'amour de sa terre est telle le lien avec la mère, l'exil est un suicide. Il est difficile de se plier à une autre culture, une autre langue et se sentir toujours traiter de nègre ou d'étranger.
Mais, après l'allergie au papier, la volonté du narrateur d'être le passeur de mémoire sera empêchée par le mauvais fonctionnement d'un magnétophone, comme si cette histoire ne devait pas être écrite pour " ne pas transgresser le silence des vies cachées".
Le style est d'une grande richesse avec un mélange d'un vocabulaire riche et de langage de la rue. Il écrit avec nostalgie, poésie, et rage. Le récit est toutefois déstructuré, l'auteur se laissant souvent aller dans la description de ses cauchemars. Il insère ses impressions en tant qu'écrivain, décrit les fiches qui guident son écriture. Mais cette déconstruction reflète l'état de ses souvenirs.
Les racines de yucca est un livre difficile à aborder pour sa construction et son contexte mais il témoigne avec passion et réalisme de la douleur des exilés, des paysans torturés, des civilisations anéanties pour l'appât de la terre en vue du commerce et du profit.
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