Rite sacrificiel 2.0: La guerre des blogues

Publié le 30 juillet 2012 par Veritejustice @verite_justice

 

Quand des personnes publiques tenant des blogues entrent en guerre, il n’y a pas de demi mesures et il semble que les coups bas sont souvent le centre des litiges devant les tribunaux.

Dans cette affaire la blogueuse Michele Blanc poursuit le journaliste Simon Beaudoin, les Éditions Bang Bang ainsi qu’ André Péloquin pour diffamation suite à la publication d’une chronique de Simon Jodoin nommée «L’abominable homme des cons» Elle est intitulée Michelle Blanc vs Nathalie Petrowski: rite sacrificiel 2.0.

Surplombe la première page de la Chronique un montage photo tiré d’une toile du maître Le Caravage, Le Sacrifice d’Isaac, où le visage d’Abraham est remplacé par celui de Mme Blanc et celui de son fils Isaac, sur le point d’être sacrifié, par celui de Mme Petrowski. Ce faisant, le visage de Mme Blanc est affublé de la barbe.

Lorsque Mme Blanc prend connaissance de la Chronique, elle est envahie d’un profond sentiment de tristesse. Elle accepte, dit-elle, que l’on s’attaque à ses idées; en effet, le texte de M. Jodoin ne l’indispose pas. Elle désespère cependant que le débat, tout débat, atteigne son intégrité et lui fasse vivre le regard méprisant des autres.

Elle affirme avoir été frappée par la haine qui se dégage de la Chronique. Elle dit être dépeinte comme «une femme à barbe, une freak, un animal de cirque». Elle mentionne que, vu les circonstances, son image d’elle-même, déjà fragile, le devient davantage et qu’elle «a de la misère à vivre avec sa peine».

Les défendeurs

[49] Les défendeurs insistent sur le fait que ce dossier doit être jugé selon les principes du droit civil.

[50] Leur défense est essentiellement qu’ils n’ont commis aucune faute. Le fait que Mme Blanc estime la Chronique et, en particulier, le photomontage, blessant ou offensant n’est pas en soi une démonstration de faute.

[51] Ils ajoutent que M. Jodoin était de bonne foi et a fait le photomontage dans un contexte, soit celui d’un débat public entre Mme Petrowski et Mme Blanc que cette dernière alimentait par son blogue.

[52] Ils ajoutent que Mme Blanc est un personnage public, qui se décrit elle-même comme un symbole, et que les médias et le public en général ont le droit de la critiquer; la caricature est une forme de critique.

Le tribunal

[62] En l’instance, la photo de Mme Blanc qui a servi à la Chronique est une photo qui fait partie du domaine public. Cette photo est intrinsèquement liée aux blogues et chroniques de Mme Blanc.

[63] En effet, Mme Blanc, la chroniqueuse et blogueuse, fait le choix d’utiliser cette photo à plusieurs fins17. Elle apparaît sur Facebook, sur Twitter. Elle est vue par des milliers d’internautes.

[67] Deuxièmement, la question de l’appropriation de la photo de Mme Blanc étant tranchée, reste celle de la diffamation: la Chronique est-elle diffamatoire? Les défendeurs ont-ils commis une faute?

Vous aimeriez savoir si l’usage modifiée d’une personnalité publique est diffamatoire ? Voir l’intégral du jugement