La Lettre à tous les personnels de l'éducation nationale envoyée en juin dernier par Vincent Peillon aux personnels de l'Education (passage obligé de tout nouveau ministre qui entre en fonction) est l'occasion de quelques reflexions sur les lien actuels et qui devraient être entre l'Ecole et la Nation, et en premier lieu par le prisme des programmes.
Comme chacun le sait, chaque changement de ministre doit appeler un renouveau d'une Ecole tellement maltraitée par le précédent pouvoir. Le problème c'est que le constat est vrai. Cette attitude est inévitable car les programmes sont considérés comme teintés d'orientations idéologiques de la majorité précédente. L'Ecole laïque a été un instrument politique de la Nation et reconnue comme telle depuis l'origine. Si les temps de 1905 nécessitaient ce choix pour solidifier les fondations d'une République qui n'était pas encore une évidence, l'enjeu d'aujourd'hui de former des têtes bien faites est abimé par ces revirements incessants qui empêchent de bâtir une institution sur le long terme.
Le nouveau pouvoir socialiste a affiché très tôt l'ambition d'une refondation de l'Ecole publique, si bien que les projets des candidats à la Primaire de l'automne 2011ont rivalisé d'idées originales qui ont eu le mérite d'assumer une nécessité de remis a à plat intégrale, comme par exemple la fusion du collège et du second cycle de l'école primaire préconisé par Arnaud Montebourg. Cette ambition pratique et institutionnelle ne devrait pas se cantonner à cela mais à la vision même de la place de l'Ecole dans la Nation.
Si le budget et les postes sont sanctuarisés sous ce quinquennat ( ce qui semble acquis dans un contexte d'austérité budgétaire néanmoins), ne serait-t'il pas temps de donner une véritable autonomie à l'Ecole en la détachant du pouvoir politique, à l'image d'une Justice théoriquement indépendante et uniquement liée à un Garde des Sceaux (à l'interventionnisme variable selon les pouvoirs)? La concertation sur la de réforme de l'Ecole lancée il y a quelques jours augure des étrangetés : qui est cette Mme. Colombani, journaliste à Elle (sic)? ce M. Momboisse, président de la fédération du e-commerce, chargé de coordonner le groupe sur l'égalité à l'école? Mauvais signaux, comme pour on commence à en avoir l'habitude depuis le 6 mai...
Si beaucoup de choses sont critiquables dans cette institution, la qualité de ses fonctionnaires, de l'ATSEM jusqu'aux hauts fonctionnaires des ministères sont, elles, reconnues par chacun. Si le seul débat porte sur le nombre de postes et sur une pédagogie vue comme trop politisée (comme l'atteste la suppression de l'Institut National de Recherche Pédagogique en 2010, fondation séculaire de l'Ecole de Jules Ferry sacrifiée dans l'indiférence générale sur l'autel de la LRU au pretexte a peine caché qu'il fut un bastion du gauchisme pédagogique soixante-huitard), nous avons les moyens de donner une réelle indépendante à l'Ecole. Ainsi, enseignants, enfants, parents seraient rassurés de pouvoir travailler dans une continuité profitable. Les débats politiques porteraient sur les moyens et non sur l'opportunité de retirer l'Histoire aux scientifiques ou de ne plus enseigner le latin.
L'Ecole est la seule des institutions régaliennes à n'avoir aucune espèce d'autonomie: la finance a la Banque de France (et la BCE), l'Armée a son état-major, la Justice est jalouse de son indépendance... La dégringolade historique de la France dans les classements internationaux PISA impliquent que l'on ne s'arrete pas au milieu du gué.
En cadeau bonus et pour prolonger, les propositions du FDG sur l'Ecole:
- réponse aux parents d'élèves
- 12 mesures pour l'école de l'égalité