Mi-ange mi-démon, le personnage de Moondragon voit le jour dans Iron Man #54 en janvier 1973, écrit par le légendaire Bill Everett (qui décédera un mois plus tard), Mike Friedrich, dessiné par George Tuska et encré par Vince Coletta. Elle porte alors le nom de Madame MacEvil et s’en prend directement à Iron Man et au Sub-Mariner. Mais il faudra attendre le mois de novembre de la même année pour que ses origines soient expliquées plus précisément dans Daredevil #105, intitulé “Menace from the Moons of Saturm”. Ce numéro explique que Moondragon s’appelle en fait Heather Douglas et qu’elle est devenue orpheline à cause de sa rencontre fortuite avec Thanos. En effet, c’est lors d’une virée en plein désert avec ses parents quand elle était petite, qu’ils furent témoins de l’arrivée de son vaisseau. Celui-ci ne voulant pas être vu, il fit exploser la voiture et Heather fut éjectée en étant l’unique survivante. Mais elle fut retrouvée par Mentor, le père de Thanos. Celui qu’on appelle L’Eternel l’emmena vivre sur sa planète, c’est ainsi qu’elle fut élevée par les moines de Shao-Lom et devint une experte en techniques de contrôle mental, en arts martiaux, et en génétique.
Cependant, son éducation lui valut d’être sous l’influence d’une entité puissante appelée le Dragon de la Lune dont elle parvint à résister, et dont elle prit en signe d’orgueil le nom de Dragon-Lune.
Lors de ses premières apparitions dans Captain Marvel et The Avengers, son but était de mettre un terme aux agissement de Thanos, et c’est dans Avengers #133 (en mars 1975) qu’elle devient un membre de l’équipe de manière non-officielle, durant la saga intitulée “Madonne Céleste” et se vit proposer un statut de membre à part entière au #137. Dans cette saga, son personnage est en opposition constante avec Mantis avec qui elle partage pourtant de nompbreux points communs : elles ont toutes les deux été élevées dans le but d’enfanter le Messie Céleste, et doivent par conséquent être considérées comme de véritables déesses. Mais c’est Mantis qui au final décroche le ponpon.
Steve Englehart va continuer à développer les antinomies entre les deux femmes, faisant de Moondragon l’exacte opposée de Mantis dans son comportement (Mantis est considérée comme une provocatrice alors qu’Heather passera son temps à jouer les prudes face aux avances de ce cher Tony Stark), mais l’auteur va également mettre l’accent sur son arrogance et son statut autoproclamé de Déesse tout puissante.
Un autre scénariste va donner de la matière à ce personnage, c’est Jim Shooter durant une autre saga, celle de Korvac. C’est en effet à partir d’Avengers #167 en janvier 1978 et pendant une dizaine de numéros que Shooter met en avant sa capacité de contrôler l’esprit des gens, et par extension, de les manipuler. Elle va d’abord s’exercer sur Quicksilver mais va surtout pousser Korvac au suicide. Dans Avengers #211 intitulé “A Force of mind” en septembre 1981, lorsque Captain America décide de remanier la célèbre équipe de super-héros, le manoir est soudainement visité par différents membres potentiels convoqués contre leur volonté. Débarquent ainsi Iceman et Moon Knight, puis Angel et Tigra, qui se trouvent obligés de s’affronter les uns les autres. Ils découvrent rapidement que Moondragon est derrière cette audition forcée.
Shooter ira encore plus loin dans Avengers #219-220, lorsque que Moondragon se retourne contre ses amis après avoir pris le contrôle d’une planète entière. Elle ira également jusqu’à séduire Thor qui le pauvre ne peut faire face à un tel lavage de cerveau.
Ah ben tiens, c’est du propre. Et accessoirement, elle battra son père Drax le destructeur (qui n’était pas mort, en fin de compte) le réduisant à l’état de légume. Contre toute attente, c’est La Guêpe qui mettra un terme à la folie mégalomaniaque de notre héroïne, d’un crochet du droit digne d’un Charles Bronson au top de sa forme. Résultat des courses, Moondragon sera jugée à Asgard (Thor devait sans doute avoir les boules de s’être fait manipuler par une femme) comme une déesse digne de ce nom, et Odin la condamnera à porter un bandeau frontal qui limiteront grandement ses pouvoirs psychiques. Elle se voit également être confiée sous la responsabilité de Valkyrie et par conséquent venir à contrecœur rejoindre les rangs des Défenseurs.C’est à cette époque que le scénariste Peter Gillis fouille un peu plus les origines du personnage en évoquant l’entité cosmique appelée Dragon de la Lune et contre qui elle doit lutter pour ne pas sombrer du côté obscur (à croire que les entités cosmiques et les femmes ne font pas bon ménage). Dieu merci, son attachement grandissant pour ses coéquipiers prendra le dessus sur ses anciens penchants.
Mais ce que Gillis va également développer, c’est sa relation avec un autre membre des Défenseurs, Cloud, qui lui fait part de ses sentiments dans la dernière page de Defenders#134 en publié en Août 1984, moi j’appelle ça un cliffhanger de dingue !
La relation Moondragon/Cloud (sans oublier Phyla-Vell) et par conséquent la bisexualité de Moondragon mérite un billet à lui tout seul et sera donc détaillée dans la prochaine fiche perso à venir très prochainement (ça, ça s’appelle l’art du Teasing les enfants).
Quoi qu’il en soit Moondragon par son héroïsme convainc Odin de lui retirer son bandeau, elle retrouve ainsi toutes ses capacités mais son répit n’est que de courte durée en apprenant bientôt qu’elle est mourante, victime d’une infection par des spores végétales. Incapable de faire face à l’idée de mourir (car c’est bien connu, les dieux sont immortels) elle accepte cette fois-ci le marché du Dragon de la Lune qui lui propose de la sauver en échange de sa soumission. Et soudain c’est le drame. Moondragon complètement possédée périra dans un affrontement final (désolée) avec ses anciens coéquipiers, dont certains iront jusqu’à se sacrifier dans le dernier numéro de la série : Defenders #152 en février 1986, toujours écrit par Gillis.Mais tel le phénix qui renaît de ses cendres, notre héroïne aura eu le temps juste avant de mourir de transférer son esprit dans le subconscient de sa propre cousine, Pamela Douglas dont les rêves mouvementés la poussèrent à fabriquer un clone pour pouvoir à nouveau héberger cet ego surdimensionné.
Moondragon va ensuite continuer ses aventures sur différentes séries notamment Quasar: Annihilation: Conquest et Guardians of the Galaxy. Ce personnage ambivalent et complexe est l’une des héroïnes les plus intéressantes de la Maison des Idées, qui plus est avec son look atypique elle n’en reste pas moins sexy et montre une fois de plus que contrairement à ce que l’on dit, une tête bien pleine vaut mieux qu’une tête bien faite (oui, je sais c’est un peu tiré par les cheveux comme conclusion surtout lorsqu’on connait le sens véritable de cette expression… moi aussi sans doute je mérite un crochet du droit).