[Critique] REBELLE

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Brave

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateurs : Brenda Chapman, Mark Andrews, Steve Purcell
Distribution voix : en V.F. : Bérénice Bejo, Jacques Frantz, Nathalie Homs, Cathy Cerda, Michel Hazanavicius, Pascal Casanova / En V.O. : Kelly MacDonald, Billy Connolly, Emma Thompson, Julie Walters, Robbie Coltrane, Kevin McKidd, Steve Purcell…
Genre : Animation/Aventure/Comédie
Date de sortie : 1er août 2012

Le Pitch :
Merida est une jeune fille pleine d’énergie. Habitée par une soif d’aventure inextinguible, elle monte à cheval, escalade les montagnes et tire à l’arc comme personne. Le hic, c’est que Merida est une princesse. Une princesse qui se refuse à suivre le protocole imposé par les traditions écossaises ancestrales si chères à sa mère, la Reine Elinor. Un désaccord qui va peu à peu prendre de grandes proportions et remettre la tranquillité et l’équilibre du royaume en question….

La Critique :
Rebelle apparaît rapidement comme un mélange des thématiques Disney et Pixar. La patte Disney apparaît ainsi principalement au travers de la condition de princesse de Merida, le personnage principal. Une princesse qui se place de prime abord dans la lignée des Raiponce, Cendrillon, Mulan et autre Blanche-Neige et qui va illuminer de sa chevelure de feu les allées des parcs d’attraction de la firme aux grandes oreilles dans le monde entier. Pour la petit histoire, c’est la première fois que le personnage principal d’un film Pixar est une héroïne.
L’esprit Disney se dessine également via l’humour globalement très premier degré, destiné en priorité aux plus jeunes. Les autres, ceux qui n’en sont pas à leur premier film d’animation, ne pourront que remarquer la redondance de quelques-uns des ressorts comiques et la présence de certains personnages, à la personnalité à peine esquissée, destinés à nourrir les gags (les triplés, la nourrice…).
Il est facile d’imaginer le jeu des négociations entre Pixar et Disney, quant à savoir qui allait insuffler quoi à Rebelle. La genèse du long-métrage fut d’ailleurs des plus chaotiques, avec le débarquement de Brenda Chapman, qui avait apporté l’idée de base et qui fut quelques mois après la mise en chantier du projet, remplacée par Mark Andrews. Chapman qui conserve néanmoins le titre de réalisatrice sur un film qui n’en compte pas moins de trois. Généralement les développements difficiles et les changements de personnel en court de route sont révélateurs quant à la qualité future du produit. Ici, les petits gars de Disney et de Pixar ont su limiter les dégâts. Certes, Rebelle traduit un certain embarras à concilier les identités des deux studios, mais le résultat reste généreux et intéressant.

Ainsi, Pixar a tenu à dynamiter les archétypes de la princesse vouée à un amour éternel avec son prince charmant. Dans Rebelle, il n’y a pas un, mais trois princes, tous plus à la ramasse les uns que les autres. L’homme de la situation est une femme. Merida détient non seulement les clés pour sauver le royaume qu’elle a contribué à plonger dans le désarroi, mais aussi celles qui l’aideront à changer son propre destin. À travers ce conte initiatique sur l’émancipation d’une jeune fille qui doit, à un tournant de sa vie, prendre son lot de décisions, se dessine une réflexion sur la place des femmes dans la société moderne et sur leur rôle par rapport aux hommes et au monde en général. Féministe, Rebelle l’est d’un premier abord, même si, lorsqu’on gratte un peu le vernis, le côté un tout petit peu réactionnaire ne tarde pas à tempérer les choses. Merida est une femme forte, tout comme sa mère, mais le dénouement se charge de la remettre à la place qui est la sienne. Entre temps, il n’est question que de cheminement personnel qui passe par quelques compromis.
Moins subversif qu’il n’en a l’air, Rebelle n’en reste pas moins appréciable dans sa capacité à prendre à revers le conte de fée et à se montrer émouvant et prenant plus qu’à son tour. Loin du récent Raiponce, le film fait souffler sur le genre un vent de fraicheur mâtiné d’un esprit « girl power » gentil, mais rafraichissant.

Après le semi-ratage Cars 2, Pixar peine à retrouver les sommets. Son alliance avec Disney ne tourne pas forcement à son avantage, tant les films qui découlent de cette union trahissent une trop forte somme de compromis. Des compromis qui mettent en péril l’extraordinaire capacité du studio à la lampe à composer des scénarios riches en degrés de lecture et à la maestria évidente. Moins original, moins drôle aussi, celui de Rebelle cherche à fédérer, mais sonne un peu creux.
Il n’empêche que nous avons ici affaire à un long-métrage de très bonne facture. Visuellement c’est la grosse claque. Pour le coup rien à dire, la mâchoire touche le sol dès la formidable séquence d’ouverture et ne remonte qu’une fois le générique terminé. Rebelle est une merveille absolue, à la mise en scène immersive et vertigineuse. Probablement le plus beau film d’animation à ce jour. Tout y est fabuleux, fourmillant de détails. De Merida, héroïne flamboyante aussi jolie que superbement animée, aux paysages écossais criants de réalisme. Le merveilleux est partout dans Rebelle, dont les trésors régalent les mirettes qui en redemandent. La 3D, discrète ne faisant qu’accentuer l’impression d’assister à la mise en mouvement d’un tableau de maitre.
Rien que pour la prouesse visuelle, le déplacement est vivement conseillé. Ce n’est pas tous les jours, que le cinéma nous offre l’opportunité d’assister à un déferlement d’images , capables à elles seules de nous émouvoir jusqu’aux larmes.

Certains chanceux pourront voir avant la projection de Rebelle, le traditionnel court-métrage Pixar qui précède chaque nouveau film. Celui-ci, intitulé La Luna, suit un petit garçon qui accompagne son père et son grand-père afin d’accomplir une curieuse tache. Poésie et émerveillement sont au programme pour ce petit bijou de lyrisme, réalisé par Enrico Casarosa, d’ailleurs nominé aux Oscars 2012.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Disney/Pixar