Magazine Politique

De la dialectique à une polylectique stratégique

Publié le 29 juillet 2012 par Egea

Bien : vous allez encore dire que je délire et que je raconte n'importe quoi, et que ce billet vient confirmer que j'ai vraiment besoin de vacances. Oui, c'est vrai. Il reste que j'invente un mot (c'est amusant, d'inventer des mots) pour aller au-delà de la dialectique (du grec dialegesthai : « converser », et dialegein : « trier, distinguer », legein signifiant « parler ») : au lieu de converser à deux, il s'agit désormais de converser à plusieurs. Et d'admettre de sortir de la logique du tiers exclu, pour tenter une logique du tiers inclus. En matière de stratégie ...

De la dialectique à une polylectique stratégique
source

Encore une fois, un billet pour tester des idées. Largement critiquable.... et surtout amendable. Un premier jet, en qq sorte....

La logique traditionnelle de la stratégie est celle du duel, comme l’a énoncé Clausewitz, pour qui « la guerre doit toujours être le choc de deux forces vives ». En effet, deux acteurs s’opposent, et pour parvenir à leurs fins, ils utilisent une « logique paradoxale (Luttwak) ou une méthode probabiliste (Guitton). Cette interaction est complexe, ce que pressentait déjà Clausewitz : « Tant que je n'ai pas terrassé mon adversaire, je dois craindre qu'il ne me terrasse, et je ne suis pas maître de mes actions, puisqu'il est tout aussi en mesure de m'imposer sa loi que je le suis de lui imposer la mienne ». (Elle n’est plus objective ni même subjective mais intersubjective, cf. Guitton)

Le cours des choses dépend aussi de l’action de l’autre, ce qui a donné lieu à de multiples applications de cette branche de l’économie qu’on a appelé la théorie des jeux, et qui est d’ailleurs apparue simultanément à la bombe nucléaire : à ce propos de nombreux schémas théoriques de la dissuasion ont utilisé cette théorie pour essayer de représenter la complexité du jeu stratégique nouveau.

Toutefois, tous ces calculs partent de l’hypothèse initiale qui est fondée sur l’alternative : il y a deux « joueurs ». De plus, chacun réduit ses calculs à une alternative (soit il arrive ceci, soit il arrive cela) : autrement dit, à la binarité des acteurs (le duel) s’ajoute la binarité des calculs. Ce qui est une simplification.

Or, la nouveauté du cyberespace teint à ce que cette logique duelle s’efface doublement devant une logique composite.

D’une part, parce qu’au lieu d’un adversaire singulier, on a un adversaire pluriel (plusieurs adversaires) et qu’on ne peut simplifier la nouvelle situation à un bipôle grâce à un jeu d'alliances. D’autre part, parce que les solutions ne se résument plus à des alternatives mais à des champs de possibles, ce qui rend les « calculs » autrement plus aléatoires et incertains.

Cette nouvelle situation réduit d’ailleurs le risque d’ascension aux extrêmes, qui était la marque d’un système dual. Du coup, la guerre est moins intense parce que plus dispersée. C’est d’ailleurs une des raisons qui expliquent le développement des guerres irrégulières, dans le cours historique de l’après-guerre froide. Mais comme on peut moins la simplifier ou la schématiser, elle est moins calculable et donc plus latente.

Ainsi, la complexité du cyberespace qui réunit plus d’acteurs (le cyberespace est la mise en relation de tous avec tous) permet le retour à une sorte d’hobbésisme, c’est-à-dire la guerre de tous contre tous. A ceci près qu’il s’agit d’un post-hobbésisme, puisque ce chaos ne monte pas aux extrêmes d’avant le Léviathan.

O. Kempf


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Egea 3534 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines