Les vacances au sein d'une collectivité réunissant des ressortissants de diverses nations sont toujours un moment privilégié pour apprécier l'étendue de notre ignorance en matière de connaissance des langues étrangères.
De retour du stage d'été d'arts martiaux de mon école, certains de nos amis américains et hispanophones faisaient des efforts tangibles pour se faire comprendre dans notre belle langue maternelle.
Et si parmi nous quelques uns maîtrisaient parfaitement les langues issues des royaumes de Grande Bretagne et d'Espagne, l'immense majorité d'entre nous se trouvaient dans l'incapacité de communiquer avec eux, en dépit de l'estime que chacun pouvait leur porter.
Quant à moi, le peu que je parvenais à exprimer dans un anglais réduit au basique amélioré ne manquait pas de susciter l'enthousiasme de mes interlocuteurs. Preuve qu'ils comprenaient mon salmigondis.
Mieux, j'ai réussi à suivre le récit détaillé en anglais des aventures aux Etats Unis, de l'un de mes jeunes compatriotes.
Donc : je m'améliore.
Pour les traductions simultanées mieux valait faire appel aux québécois, à celles et ceux dont les ascendances
familiales ou le niveau d'études universitaires et la pratique profesionnelle, permettaient une relation aisée.
Heureusement, le langage des corps est plus intense et compréhensible que celui qui sort de nos bouches.
Et dans ce domaine, on est les champions !
Plume Solidaire
Source : Le Monde de l’Education
L'élève français, ce cancre en langues étrangères
LE MONDE | 22.07.2012
Dans les enquêtes internationales, les élèves français ne sont guère habitués à briller. Une étude européenne sur les compétences linguistiques - la première d'une telle ampleur - menée à l'initiative de la Commission européenne auprès de 54 000 lycéens, dans 14 pays, force encore le trait : les Français se classent derniers... ou presque. Selon les résultats rendus publics le 21 juin, ils sont seulement 14 % à obtenir un bon niveau dans leur première langue étrangère, l'anglais "LV1", et 11 % dans la deuxième langue étudiée, l'espagnol "LV2". Seuls 40 % ont un "niveau de base" leur permettant de saisir le sens d'expressions courantes et de phrases isolées. Autrement dit, de se faire comprendre.
Maigre consolation : les Anglais font pire - 9 % seulement maîtrisent leur "LV1" (le français) et 6 % leur "LV2" (l'allemand). Dans leur grande majorité, les Européens n'ont rien de petits génies des langues : 42 % sont compétents dans leur première langue étrangère, 20 % dans la deuxième, pointe l'enquête dirigée par l'université de Cambridge.
"Décevant", commente sobrement Neil Jones, directeur de projet. "Décevant qu'après quatre à cinq années d'études, près d'un adolescent sur deux en soit encore à chercher ses mots, ou presque."
Les bons élèves ? Les Suédois, les Irlandais, les Maltais, les Néerlandais... Les moins bons ? Après les Britanniques et les Français, les Belges, les Polonais, les Espagnols... Petite surprise : la Suède se classe nettement en tête pour ce qui est de la première langue étudiée - avec 82 % d'adolescents jugés compétents en anglais -, mais arrive dernière quand il s'agit de la deuxième langue étrangère, l'espagnol.
"Cette étude confirme la persistance des écarts de niveaux en Europe, note Neil Jones, le facteur clé restant la motivation, l'intérêt que revêt une langue étrangère. On comprend pourquoi les Anglais ne s'illustrent pas : leur langue s'est imposée partout comme une nécessité. L'important est de se concentrer sur ce qui contribue à un apprentissage réussi."
SORTIR DE L'ACADÉMIQUE
Ses préconisations ? Commencer dès le plus jeune âge ; une écoute et une pratique hors du cadre scolaire - à travers les films, la musique, les voyages... "L'enseignement doit accorder une place plus importante à l'échange, à la communication, pour ne pas rester académique." Faire de l'apprentissage des langues une activité familière : c'est ce que recommandait déjà un rapport remis à l'ancien ministre de l'éducation, Luc Chatel, le 7 février. Il proposait, entre autres, d'"instaurer une sensibilisation aux langues dès la maternelle (...), sans limiter le nombre de langues". Ou, "au collège, [de] proposer deux langues vivantes dès la 6e" - ce qui existe déjà pour une poignée d'élèves des sections européennes ou bilangues.
Pas sûr que la priorité du nouveau locataire de la Rue de Grenelle soit celle-là. Même s'il ne méconnaît pas l'enjeu : selon une note d'information émanant de ses services et publiée le mois dernier, moins de la moitié des collégiens de 3e ont un niveau satisfaisant en langues. Et la tendance n'est pas au progrès.
Mattea Battaglia