Parce que commencer par un titre-clin d’œil aux gens de ma génération j’aime bien. Et ça fait sens en plus, vous comprendrez pourquoi plus tard.
Bref, aujourd’hui nous allons parler d’un illustre inconnu pour un grand nombre d’entre-vous : Virgo a.k.a. Hammer. Inconnu il l’était totalement il y a encore quelques mois, avant sa venue à Japan Expo 13, en tant qu’artiste hip-hop de la convention. Le hip hop nippon a ses fans mais il faut avouer que c’est l’un des parents pauvres de l’exportation de la j-music vers nos frontières. Cependant, comme expliqué en préambule de cette édition (dans l’article qui est juste là), la curiosité est un très bon défaut. Aussi avais-je demandé, pour le compte de Paoru.fr et du collectif Plumes, de rencontrer l’artiste.
En ce dimanche de JE, il est aux alentours de 14h et nous sommes donc quelques médias déjà installés dans la salle Tokyo (oui cette année en salle presse, les salles d’interview avaient des noms de villes, c’était fun). Nous sommes en train d’échanger sur nos questions quand arrive notre invité, très souriant malgré sa réserve typiquement japonaise. Nous échangeons un konichiwa d’usage, nous nous présentons à tour de rôle et nous commençons par parler par l’évènement du jour : son concert, qui va débuter à peine deux heures après notre entrevue…À moins de deux heures de votre concert sur la scène du Live House, dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Je suis très excité, j’ai vraiment hâte d’y être !
À quoi vous vous attendez de la part du public français ?
J’ai du mal à me faire une image car c’est vraiment l’inconnu pour moi… Mais j’espère que nous pourrons être uni, que je ne ferais qu’un avec le public.
Passé ce petit préambule nous lui demandons d’où vient son nom, l’occasion de briser la glace…
D’où vient votre nom d’artiste ?
Hammer est en fait un surnom que j’ai gardé et Virgo vient de mon signe astrologique, celui de la vierge.
Et ce surnom de Hammer ça vient d’où ?
De M.C. Hammer.
Aaaah, ok ! Vous savez que c’est quelqu’un qui a de nombreux fans en France !
C’est vrai ? (Rires) En fait je suis un grand fan de M.C. Hammer, j’aime beaucoup le mélange qu’il opère entre danse et de musique.
Pour ceux qui ne connaissent pas et/ou ceux qui aiment – et aussi pour Virgo a.k.a. Hammer après tout – voici un titre inoubliable de cet artiste.
Vous comprenez donc maintenant le titre de cet article… Poursuivons, donc.
Nous nous intéressons ensuite à lui et à sa carrière. Virgo a.k.a. Hammer c’est surtout un concept, « qui mélange la musique hip-hop, « le beat », avec la tradition japonaise… », comme il l’explique lui-même. Mais avant d’arriver à ce mariage entre tradition et modernité, il y a tout un parcours et quelques rencontres…
Quel fut votre premier contact avec la musique ?
C’était quand j’étais tout petit… J’étais à la maternelle et j’ai découvert les spectacles qui mélangent le chant et la danse. C’est comme ça que j’ai découvert la musique.
Et qu’est-ce qui vous a donné l’envie de passer de l’autre coté et d’en faire ?
J’ai commencé par faire de la danse à l’âge de 16 ans mais plus tard j’ai débuté ma vie professionnelle par un emploi de salary-man. Cela faisait deux ans que j’étais dans l’entreprise – j’étais âgé de 22 ans – et un soir je suis allé voir un concert, un live où j’ai vu des danseurs sur scène qui m’ont donné envie de faire la même chose. J’ai alors quitté mon travail et je suis rentré dans cette voie.
Au cours de ce parcours vous croisez le chemin d’un artiste bien connu, Diggy-MO’ du groupe Soul’d Out. Quel souvenir gardez-vous de cette collaboration ?
En fait Diggy-MO’ est un peu mon âme sœur dans le monde de la musique. Nous travaillons toujours ensemble et comme il a un caractère opposé au mien c’est vraiment très intéressant de collaborer avec lui. Pour tout vous dire si mon second album sort demain au Japon c’est parce que c’est son anniversaire !
Ah oui ? Alors otanjobi omedeto Diggy-MO’ ! (Rires)
Sur son parcours j’en apprends davantage mais plus tard, car notre cher Hammer nous a fait le plaisir d’envoyer un mail de remerciement à tous ceux qu’il aura croisé en interview, dans un franponais drôle mais sincère. C’est ainsi que j’ai confirmation que si son label se nomme Golden Hammer Production c’est bien qu’il en est le co-créateur. Cherchant à faire quelque chose de différent du label où il était, à la recherche d’une certaine forme de liberté, il créera ce label au printemps 2010 avec un ami.
Le label compte aujourd’hui une quinzaine d’artistes hip-hop, pop et rnb que je vous laisse découvrir par vous-même sur le site du label qui, même en japonais, est assez clair pour se faire une petite idée. Hammer est d’ailleurs accompagné par la jeune Yukie sur JE, une artiste pop de son label qu’il nous a recommandé durant l’interview. Pour vous donner un ordre d’idée voici un clip de la demoiselle, très planant…
Refermons cet aparté et retournons maintenant à notre artiste…
Pour en revenir à vous…Pouvez-vous nous en dire plus sur votre musique ?
Ma particularité c’est de mettre les histoires traditionnelles du Japon sur un son hip hop, pour obtenir un mélange original.
Pourquoi ce mélange ?
L’histoire de Momotaro est une histoire assez simple mais profonde, celle d’un garçon qui va se faire des amis pour aller chasser un diable… C’était de ce genre de choses dont j’avais envie de parler.
On voit que vous travaillez beaucoup votre style vestimentaire, d’où vous vient l’inspiration ?
Je cherche là aussi à faire un mélange. Le point de départ c’est le hakama, un vêtement traditionnel (pantalon large plissé, traditionnellement porté par les nobles, les samurais ou certains pratiquants d’arts martiaux, NDLR). J’y ajoute ensuite des choses, assez librement, afin de pouvoir exprimer la beauté ou les messages que je veux faire passer, un peu comme dans ma musique.
Même question sur la danse, qui fait partie intégrante de votre univers… De quoi sont inspirées vos chorégraphies ?
Je ne prends pas de cours de danse mais je regarde autour de moi, à la télévision par exemple. Là aussi il y a une part traditionnelle, qui provient du Kabuki (une forme de théâtre traditionnel nippon, NDLR) mais après c’est un mélange.
L’album qui sort demain, Monomyth 2, est le second de ce projet… Quelle évolution entre les deux ?
Il n’y a pas vraiment de changement, car ce deuxième album est la suite directe du premier. L’histoire de Momotaro se poursuit et s’achève dans ce second opus.
Pour ceux qui voudraient vous découvrir, quel titre vous recommanderiez ?
Humm… Dans le second album, je dirais la cinquième piste, En ken tôgi-jô. (Vous pouvez trouvez le morceau sur itunes où tout l’album est disponible, NDLR)
D’autres histoires sont prévues pour la suite où envisagez-vous de revenir à des albums plus classiques ?
J’ai prévu de continuer dans cette voie, avec d’autres histoires.
L’entrevue se rapproche de la fin et nous abordons pour finir sa venue à JE. L’ambiance détendue tourne rapidement au bavardage pour notre plus grand plaisir…
Quelles sont vos impressions sur Japan Expo ?
J’aime beaucoup voir tous ces gens cosplayés et passionnés… C’est un honneur de pouvoir jouer pour eux.
Avez-vous été surpris par cet engouement pour la culture japonaise d’ailleurs ?
Je suis très surpris et en plus je trouve que les costumes sont très détaillés, même plus que ce qui se fait au Japon. En tant que Japonais je suis très content que la culture nippone ait autant de succès.
Pour communiquer avec son public, nous lui demandons s’il connait quelques mots en français… Il nous répond, avec le sourire : « Bonnejour, mèrechi ! » Ce qui vaut bien sur un rire général dans la salle. Afin d’aller plus loin, nous lui proposons alors d’apprendre un ou deux mots pour le concert… Afin d’interagir avec son audience.
Hammer nous demande alors un équivalent d’amusez-vous ensemble, assez proche de l’expression « faites du bruit » que nous finissons par lui conseiller. La traduction littérale de l’expression n’est pas très parlante mais quand nous lui donnons l’équivalent anglais assez connu « make some noise ! » , son visage s’éclaire : « Aaaaaaah ! Ah oui ce serait bien ça ! ». Son interprète a alors la bonne idée de lui indiquer la phonétique en katakana et nous improvisons alors un cours d’élocution sur « faites du bruit » et le son « r » qui vaut de nombreux rires.
Il nous promet de le marquer discrètement sur son avant bras pour pouvoir l’utiliser en concert… Ce qu’il fera d’ailleurs à plusieurs reprises durant le showcase, nous ne fumes pas peu fier !
Nous achevons l’entretien par une petite séance photo très décontracté ou nous avons le privilège de recevoir le fameux nouvel album qu’il nous dédicace avec le sourire.
La rencontre fut donc très plaisante et fait parti de ces moments plaisants de découverte d’un artiste qu’on apprécie toujours sur JE. Le concert sera lui aussi une très bonne surprise avec un homme qui bouge tout le temps sur scène, en dansant, en se costumant, en chantant… Le passage de Yukie sur scène ne fut malheureusement pas aussi convaincant, vocalement en tout cas.
Mais ça n’empêche pas que Hammer s’est montré bon performer. Musicalement on retrouve le calme et la légèreté de la musique folklorique japonaise, qu’il fait dévier le temps de quelques notes sur un son plus oriental et à laquelle il ajoute un beat puissant et un bon flow, qui me rappelle un peu Bambi Cruz (moi et mes références de hip hop ^^;). Seul regret : ne pouvoir le comprendre, tant l’histoire racontée fait partie intégrante du spectacle. Mais ce ne fut pas rédhibitoire et le public, parfois là dans l’attente de Daisy Stripper qui passait juste après, y verra une excellente surprise voir un concert vraiment marquant pour certains.
Pour revivre l’instant je vous propose d’ailleurs un extrait vidéo de ce showcase. Le son n’est pas bon mais j’espère que ça vous donnera une idée plus juste de qui est Virgo a.k.a. Hammer, par rapport au clip diffusé pour sa promotion, celui de New Dog City, assez peu révélateur finalement.
On finit par les meilleures photos de l’interview et, bien sur, du concert.
Merci beaucoup à Virgo a.k.a. Hammer pour son temps, son sourire et sa gentillesse… Ce fut un plaisir ! Merci également à son interprète et enfin au staff de JE (Swann et ses talons donc ^^) pour la mise en place de l’interview !
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