Demain, le défi énergétique

Publié le 29 juillet 2012 par Romlor

L’un des défis majeurs du XXIe siècle sera celui de l’énergie. De nombreux ouvrages et de nombreux rapports font le point sur cette question cruciale. Le dernier en date, particulièrement pragmatique et documenté, émane du Sénat. Il conclut notamment à une hausse de 50 % de notre facture d’électricité à horizon 2020. La conclusion pourrait être la même pour le gaz, ou pour le pétrole.

Les causes sont multiples. S’agissant de l’électricité, le fameux modèle français reposant sur une électricité produite à 85 % par la filière nucléaire, n’est pas si exemplaire que ça. D’abord parce que la production nucléaire ne peut faire face aux périodes de pointes, l’hiver en cas de grand froid, l’été en cas de grosses chaleurs (avec les climatiseurs). Ensuite parce que le dernier audit de l’autorité de sûreté nucléaire, rendu suite à la catastrophe de Fukushima, conclut à près de 1000 mesures de sécurisation obligatoire. 10 milliards d’euros d’investissements nécessaires, près de 150 millions d’euros par réacteur. Ce coût est une des raisons principales de l’augmentation à venir de notre facture.

Pour le gaz, la situation est très proche. Nous importons 98 % du gaz que nous consommons. En situation de totale dépendance vis-à-vis de notre fournisseur russe, nous sommes totalement soumis aux aléas des fluctuations de prix. Idem pour le pétrole. Les deux énergies fossiles sont en outre limitées ce qui n’augure aucune baisse à venir des prix.

Que faire sur le plan de l’approvisionnement (en dehors des gisements énormes d’économies d’énergie possibles) ? Deux solutions existent, complémentaires. D’abord axer notre politique nationale de l’énergie sur un mix énergétique qui nous permette de tirer partie des avantages et des inconvénients de chaque source d’énergie. Réduire la part du nucléaire au profit des énergies renouvelables, dans la diversité de leurs formes, est une piste sérieuse. En la matière l’action des collectivités locales est un exemple à suivre. Plusieurs expériences locales, réussies, viennent démontrer tout l’intérêt de développer, pour une consommation localisée, des productions renouvelables par l’éolien, le solaire, la marée ou d’autres (le lisier en Bretagne par exemple). De même, savez vous que l’installation de quelques milliers de roues à aube, sur nos rivières, comme les moulins d’antan, pourrait assurer la consommation de l’ensemble de la région Nord Pas de Calais !

Ensuite, réfléchir de manière raisonnée aux avantages des nouvelles sources d’énergies fossiles. Nous en avons déjà parlé ici, tous les pays du monde s’y mettent, sauf nous… Gaz et pétrole de schiste ont un potentiel important et pourraient permettre, par une production nationale, de faire notre transition énergétique en douceur vers des modèles de production durable.

Ces deux solutions reposent cependant sur une même condition, impérieuse, primordiale : la stabilité normative. L’énergie est une problématique de long terme. Les investissements, colossaux, sont programmés sur des décennies. En l’espèce, seule une vision à long terme des engagements d’un Etat est à même de rassurer les investisseurs et de lancer les grands chantiers nécessaires à notre approvisionnement énergétique de demain.

Aux responsables politiques d’assurer cette continuité, cette pérennité du champ législatif. Aux responsables politiques de ne pas réitérer l’expérience malheureuse de la filière photovoltaïque qui, par un moratoire décidé en 2009, a perdu près de 7 000 emplois et ses plus grandes entreprises mondiales !