Il y a fort longtemps, un riche
propriétaire de Luoyang,la capitale
chinoise du papier, demanda au vénéré
patron des papetiers, Cai Lun, de lui
écrire quelque chose sur un bout de
papier, mais pas n'importe quelle
phrase : "une formule positive" qui
assurera la prospérité de toute ma
lignée et qui nous donnera l'envie de
vivre et de nous réjouir !"
Cai Lun prit une belle feuille en
écorce de chanvre et écrivit. Son
poignet avait juste terminé les lentes
circonvolutions, que le bourgeois
s'empara du papier et lut : "Le Père
meurt, son fils meurt, son petit fils
meurt".
Furieux, il s'emporta: "Cain
Lun, je t'ai demandé une formule qui
apporterait joie et prospérité à ma
famille et tu as tracé des lettres de
mort. Je devrais te faire couper les
mains pour cela !"
Le papetier sourit:
"ami, ton visage s'enflamme et tu
craches du venin contre le vent.
Écoute: si ton fils meurt avant toi, ce
sera un grand malheur pour toute ta
famille. Si ton petit fils disparaît
avant ton fils, ce sera également un
terrible fardeau à porter pour ta
lignée. Mais si ta famille, génération
après génération, disparaît dans
l'ordre que j'ai décrit, la vie suivra
un cours naturel et l'ordre des choses
sera parfaitement respecté. Car c'est
cela la joie et la prospérité."
Le bonheur de l'homme ne peut
s'exprimer dans le désordre. Il existe
un cours naturel des choses, un sens,
un ordre. C'est dans cet ordre des
choses que nous nous inscrivons. La
preuve : une des plus grandes tragédies
qui peut nous frapper est la mort de
notre enfant... une disparition qui n'a
rien de naturel car elle survient trop
tôt. Un bonheur, lui, arrive toujours
en son temps.
Ce petit conte nous rappelle avec
simplicité que la plus grande
prospérité n'est pas dans la possession
des choses matérielles, mais dans la
vie elle-même.