Toute une vie, sans qu’on sache qui est le narrateur, son identité sociale, mais dont le lecteur n’ignorera pas les secrètes sensations physiques. Ce qui permettra, au moins à chaque homme, de s’y retrouver de temps en temps, bien que mon corps ne ressente pas exactement ce que celui-là raconte. Avant de rendre le livre qui m’avait été prêté, livre lu pendant un voyage en train, passés les moments d’émotion qui m’ont sans doute révélé trop sensible, quand l’esprit a repris le contrôle, c’est-à-dire pas immédiatement puisque, avec bonheur, les mots de ce livre parlent aussi au corps, j’ai pensé que la vie, toute vie, se construit de mort en mort : ici morts du père, de Violette, de Tijo, de Grégoire, et, chaque fois, on puise en soi-même une étonnante vitalité. Il faut sans doute croire en la résurrection. Ici le corps est moins description que processus. J’envisage désormais différemment le mien, en me demandant ce que l’enfant que j’étais en a appris en vieillissant.