[Critique] WILDERNESS

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Wilderness

Note:
Origine : Angleterre
Réalisateur : Michael J. Bassett
Distribution : Sean Pertwee, Alex Reid, Toby Kebbell, Stephen Wight, Lenora Crichlow, Luke Neal, Karly Greene, Ben McKay, Richie Campbell, Stephen Don…
Genre : Horreur/Survival
Date de sortie : 14 mars 2007

Le Pitch :
De jeunes délinquants sont envoyés sur une île, afin de suivre un stage de réinsertion, à la suite du suicide de l’un d’entre eux. Le but étant de les recadrer et de reconstruire la cohésion de leur groupe. Alors qu’ils pensaient être seuls sur cette île, les pensionnaires vont vite s’apercevoir qu’il n’en est rien…

La Critique :
Le début de années 2000 a vu émerger une génération de cinéastes talentueux qui, à eux seul, ont redonné un sacré coup de fouet au cinéma de genre britannique. On peut citer Neil Marshall (Dog Soldiers, The Descent), Christopher Smith (Creep, Severance), James Watkins (Eden Lake), Billy O’Brien (Isolation) et bien sûr Michael J. Bassett, réalisateur du très remarqué La Tranchée et de ce Wilderness bien furieux comme il se doit (et peu importe si plus tard, le même Bassett a réalisé Solomon Kane).
Tous ces types ont apporté une vision assez radicale d’un genre ultra codifié, dominé en grande partie par les productions américaines. Leurs films partagent un relatif refus des conventions et de la bien-séance et d’une façon ou d’une autre, se rapprochent des longs-métrages anglais urbains non-horrifiques dans leur capacité à instaurer une apprêté palpable. Souvent nourris d’un esprit punk un peu « no future », les bons films d’horreur anglais versent aussi allègrement dans la satire sociale brutale. Celle qui ne fait pas dans la dentelle et qui passe forcement par tout un tas de sévices tour à tour gores et/ou sadiques.
Wilderness correspond tout à fait au profil type du bon film d’horreur briton, même si il est loin d’égaler les cadors du genre. En fait, il convient de saluer Bassett pour son respect de la discipline. Un respect qui l’empêche peut-être d’ailleurs d’aller au delà du simple slasher et de proposer quelque-chose de plus pimenté. Très codifié, Wilderness l’est assurément.
Outre le contexte social, c’est la même sauce qui est servie : des jeunes arrivent dans un lieu réputé abandonné et se font faucher les uns après les autres par un mystérieux tueur. Tueur dont on ne tarde pas à comprendre les motivations.
survival dans la lignée d’un Vendredi 13, Wilderness se distingue par contre, par l’âpreté de sa réalisation qui se veut volontairement sèche, nerveuse et cradingue. Sans trop abuser non plus des effets gores, Bassett sait faire parler le ketchup quand le scénario le nécessite. Et ça, c’est une bonne nouvelle, quand un grand nombre de films dit d’horreur, made in USA déboulent tous les ans et n’offrent rien de plus que des sursauts moisis entre gravures de modes pré-pubères.

Immersif et sauvage, Wilderness doit également sa bonne tenue à son casting. Un casting qui va chercher dans la fine fleur du théâtre anglais, fort en gueule. La troupe des jeunes est parfaite et forme une micro-société que rapproche le film d’œuvres majeures comme Sa Majesté des mouches (et même pourquoi pas Predator), tout en rappelant certains épisodes de la série Skins. Une distribution dominée par un certain Sean Pertwee, grand fidèle du cinéma de genre britannique, vu notamment dans Dog Soldiers et Doomsday.
Pas de quoi se lever la nuit donc, mais largement de quoi rester absorbé pendant une bonne heure et demi. Wilderness mixe sagement ses influences (film de prison, survival, film gore, slasher) et livre un spectacle plus qu’honnête traversé par quelques jolies fulgurances. Allant même jusqu’à franchement surprendre par moment, le long-métrage de Michael J. Bassett aurait peut-être gagné à être plus roublard, mais se démarque par sa punk attitude sous-jacente.
En soi, voilà un film qui assume ses racines, sans autre prétention que d’envoyer du lourd, en éclaboussant les mirettes de plusieurs seaux d’hémoglobine. On a vu mieux certes, mais aussi infiniment pire, du coup, on valide !

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Ecosse Films