Au cours de la messe organisée dans le cadre des 35 ans de la création de Viva la Musica, Papa Wemba a reconnu que Koffi Olomide, le patron de Quartier Latin a réalisé un grand travail pendant les premières années de son groupe.
Créé en 1976, le groupe Viva- la- Musica de Jules Shungu alias Papa Wemba vient de totaliser 35 ans d’une existence émaillée des hauts et des bas, mais surtout par la naissance d’une vedette qui est parvenue à élever au rang de religion l’élégance à coups de marques chères.
Une facette du chanteur qui, quelquefois, a occulté sa qualité d’un chanteur très talentueux. Pour célébrer cet anniversaire, Papa Wemba a prévu deux temps forts dans la journée du 13 juillet 2012 : une messe à la paroisse Saint Joseph de Matonge, puis un concert au Grand Hôtel de Kinshasa dans la soirée.
C’est, en effet, dans le quartier Matonge qu’a été créé le groupe Viva la Musica, précisément sur la rue Kanda-Kanda au domicile familial que Papa Wemba surnommera « village Molokai ».
Il était 11 heures 30 à Kinshasa sous un soleil de la saison sèche avec une température entre 23 et 29 degrés lorsque Papa Wemba est arrivé à l’église Saint Joseph en compagnie de son épouse Marie- Rose Luzolo affectueusement appelée « Amazone ».
En présence d’une foule de badauds, un groupe de folklore tetela, la tribu de Papa Wemba. De nombreux parents et amis de Matonge, certains affaiblis par le poids de l’âge, ont fait le déplacement.
Une occasion pour de nombreux fans de Viva la Musica de sympathiser avec les anciens de ce groupe vivant en Europe venus à Kinshasa pour l’événement comme Jadot Le Cambodgien, Stino Mubi, Djuna Djanana entre autres.
Sous les flashes et les projecteurs de la presse congolaise, l’officiant du jour, l’Abbé Koko a célébré une messe entrecoupée des applaudissements des fans de Papa Wemba.
Des fans qui ont découvert les talents musicaux de ce serviteur de Dieu qui a fredonné plusieurs chansons de Papa Wemba pendant l’homélie.
Après avoir survolé l’histoire de Viva la Musica et de son patron qu’il connaît bien, évoqué de nombreux artistes qui ont contribué au succès de Papa Wemba mais qui ont quitté cette terre, l’Abbé Koko a prodigué de sages conseils qui ont ému jusqu’aux larmes Papa Wemba et son épouse.
Dans la soirée, les fans de Viva la Musica ont redécouvert le Papa Wemba des années 77 et 80. Une soirée riche en émotions.
Outre les anciens de Viva la Musica, les fans ont savouré de la bonne musique avec la présence des artistes comme Nyoka Longo, Koffi Olomide, Lutumba Simaro, JB MPiana, Ferre Gola, Adolphe Domiguez…
Le mot de circonstance de Papa Wemba à l’église Saint Joseph de Matonge :
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs et Messieurs les Abbés,
Je serai bref aujourd’hui. J’ai beaucoup de témoignages de ce lieu où nous nous trouvons, l’église Saint Joseph et toute la paroisse entière. Ce n’est pas par hasard que j’ai choisi cette église.
Mon témoignage a deux parties, c’est à dire ma propre expérience et puis celle de Viva- la- Musica. En tournant vos regards derrière vous dans cette église, vous constatez une mention sur le mur au dessus de la porte d’entrée principale appelée JV.
J’étais en 4ème année primaire à l’école Saint Jean Berckmans à l’époque. Le directeur de cette école avait décidé de choisir trois pré- chantres parmi les élèves que nous étions.
Puisqu’il voulait que ce soit des ressortissants de Matonge, on m’a choisi moi Shungu Jules, Distré René qui habitait sur la rue Bolia au fin fond et Midi Edouard sur Kanda- kanda, non loin du Couloir Madiakoko.
Nous n’étions que trois seulement venant de Matonge. Nous formions un groupe avec les élèves venant d’ailleurs.
Nous chantions ici mais un peu au dessus, sur le balcon. Je fus pré- chantre car il y avait des chantres et des pré chantres.
Pour mémoire, je vous dirais que j’ai grandi dans une famille protestante. Chez nous, dans ma province d’origine, particulièrement dans la tribu tetela dont je suis issu, il n’ y avait que deux confessions religieuses à savoir l’église protestante et l’église catholique.
Après avoir quitté la province où nous résidions pour venir habiter ici à Kinshasa, ma mère me conseilla de suivre mes études à l’école catholique.
Et pourtant, non loin de notre domicile, certaines écoles laïques existaient, elle n’a pas voulu cela. L’école sainte Marie Goretti, en face de la rivière Kalamu pour les filles, Saint Jean Berckmans pour nous les garçons.
Vers l’avenue Mpozo il y avait l’école protestante, d’autre part encore l’école Saint Gabriel. Passé en 4ème année primaire, ma mère m’exigea chaque jour, je le souligne bien chaque jour, de venir prier le matin ici dans cette église.
Et je le faisais car notre école vérifiait la régularité à la messe quotidienne. Je suis parmi ceux qui connaissent à fond cette église comme ma propre poche.
Je l’affirme puisque je connais tout le monde, je citerai le sacristain Papa Kilaba qui habitait sur l’avenue de la Victoire, un autre papa tetela qui résidait sur Boyoma.
Lorsqu’on introduisit pour la première fois le tam-tam à l’église, j’étais assis ici sur le banc des servants. Je fus acolyte appelé aussi servant à l’époque.
J’ai évolué ici jusqu’à trouver un jour mon épouse Marie -Rose alias Amazone ici présente. Au début de notre union, j’ai énormément souffert avec cette femme par manque d’argent.
Certaines fois, si elle a très faim et qu’il n’y a rien à manger chez nous puisque nous vivions chez mes parents, je venais supplier le curé de cette paroisse qui me venait souvent en aide soit financièrement, soit matériellement et j’allais nourrir cette femme qui est devant vous.
Voilà en quelques mots mon témoignage individuel. Et maintenant, je vais vous parler de Viva la Musica. Je pense que vous connaissez tous ma photo sur laquelle j’ai levé mes bras horizontalement. Laissez-moi-vous en donner les détails.
Lorsque j’ai totalisé 50 ans d’âge, la télévision franco allemande ARTE avait décidé de réaliser un documentaire sur ma vie.
En compagnie de mon ami d’enfance, le colonel Jagger, nous sommes venus ici à Kinshasa avec cette équipe de journalistes.
À l’étape de Kinshasa, une autre équipe de l’agence Hergé s’associe à celle des journalistes d’ARTE. En premier lieu, je suis venu avec tous les journalistes dans cette église leur montrer le lieu historique où débuta ma carrière de chanteur.
Ce jour-là, je m’étais planté là au milieu de cette église et j’interprétais ma chanson intitulée « Bolingo suka te ». Ce fut en ce moment là que je fus photographié en cette position là.
C’est cette photo qui est devenue actuellement le symbole de Papa Wemba et ce, grâce à mes jeunes frères et amis comme Georges et Riva que vous voyez ici.
Concernant l’Abbé officiant du jour que vous voyez, l’Abbé Koko, je vous assure que nous les habitants de Matonge, nous sommes bénis.
Lui, l’Abbé ici présent sait tout de moi et de Viva la Musica car il est l’un des nôtres depuis longtemps en tant que résidant du quartier Matonge. Non seulement il connait Viva la musica et le village Molokai mais il s’est aussi investi dans les sports de notre quartier Matonge.
Personne ne peut ignorer un jour les bienfaits de l’Abbé Koko chez nous à Matonge et particulièrement nous au village Molokai.
En passant, je me suis rappelé, au moment de la communion tout à l’heure, que le nom Koko ne lui appartenait pas.
Laissez-moi vous présenter le vrai Koko qui est présent dans cette salle. Le voici. Je suis comblé de joie aujourd’hui et je vous rappelle que ce jour n’est pas celui de Papa Wemba mais plutôt celui de toute personne qui se reconnaît de Viva la Musica.
Je sais qu’ils sont nombreux, même ceux qui y ont presté pendant un jour seulement.
Attendez que je vous parle de mon jeune frère que vous connaissez bien au nom de Koffi Olomide. Sachez que Koffi Olomide a réalisé un grand travail pendant les premières années du groupe Viva la Musica.
Il était mon complice si je peux bien le dire. En langage vernaculaire, je dirais mon confident. Il avait des cahiers dans lesquels il rédigeait des chansons afin que moi je les interprète.
Je remercie Dieu pour l’ascension de cet artiste Koffi Olomide. Dans mes souvenirs, je m’interdis de jeter mes regards trop loin, car je suis de nature mélancolique et cela me fera pleurer devant vous.
Voyez par exemple cette fille ici devant, Sylvie, la fille de l’un de mes premiers collaborateurs Kisangani Espérant Djenga Ka. Cette fille est née au sein de Viva la Musica.
Maintenant que je pense à tous ces nombreux amis qui ne sont plus sur cette terre mais ont bâti à mes côtés Viva la Musica comme Dindo Yongo, Issa Issasi et tant d’autres, je préfère m’arrêter ici. Avant de terminer, je voudrais dire ceci : Comme tout être humain Shungu Jules Papa Wemba a des qualités et des défauts.
Viva la Musica, 35 ans aujourd’hui, tout au long de notre chemin, on a connu des hauts et des bas. Ainsi, je demande pardon à quiconque aurait été offensé par mon geste ou mon propos et je pardonne toute personne qui m’aurait aussi offensé à son tour.
Je vous remercie
Nicaise Muzany/AEM/MMC