C'est le bilan de 10 ans d'évolution de consommation d'antibiotiques en France que livre l'Agence nationale de sécurité du médicament à l'occasion de son point d'information du 26 juillet. Un bilan qui confirme le « léger mouvement de hausse », après la réduction significative observée au début des années 2000 et la diminution du nombre de substances actives antibiotiques dont disposent aujourd'hui les prescripteurs. Un appel à la distinction entre antibiotiques de première ligne et antibiotiques de recours dans l'attente de nouvelles molécules.
La consommation d'antibiotiques en France se situe à un niveau nettement supérieur à la moyenne européenne, confirme le bilan, en dépit des conclusions récentes du groupe de réflexion LIR qui, situant la France, en 2011, dans la moyenne européenne, la dotait d'un taux d'évolution parmi les plus faibles pour 5 classes thérapeutiques, dont les antibiotiques. Mais, selon les premières données 2011, la baisse observée entre 2001 et 2011 ne serait plus que de 13,5% (contre 16% entre 2000 et 2010). Dans le même temps, le nombre d'antibiotiques à disposition des prescripteurs se réduit avec ces 10 dernières années, un nombre de substances qui diminue de 18%, passant de 103 à 84 alors que seules 8 nouvelles substances ou associations de substances ont été commercialisées.
Les généralistes en prescrivent moins : Le médecin généraliste reste le principal prescripteur (en ville) réunissant plus de 70% des prescriptions, 10,9% des prescriptions étant réalisées par d'autres spécialistes, 10,5% ayant une prescription d'origine hospitalière. Le bilan souligne la baisse des prescriptions des mêmes généralistes de 70 ,6% en 2010 vs 71,7% en 2009.
Une exposition aux antibiotiques majeure à l'hôpital : L'hôpital semble responsable majoritairement de la tendance constatée à la hausse. Ainsi, plus de 4 patients sur 10 hospitalisés ont reçu en 2010 un jour donné une dose d'antibiotique, alors qu'en ville le taux journalier est inférieur à 30/1.000. La consommation d'antibiotiques à l'hôpital s'inscrit dans une tendance à la hausse en particulier lorsqu'on la rapporte au nombre de journées d'hospitalisation.
Une consommation hétérogène selon les tranches d'âge, le sexe et le lieu de résidence : Ainsi les femmes consomment plus d'antibiotiques que les hommes, et la consommation progresse avec l'âge. Le niveau de consommation, plus élevé dans certaines régions comme le Nord de la France, les Pays de la Loire ou la région Rhône-Alpes montre l'importance de déclinaisons régionales via les ARS du 3ème Plan Antibiotiques.
Enfin, il faut rappeler le Plan Antibiotiques lancé en novembre dernier, qui prévoit de nouvelles règles de prescription et de contrôle face au nombre croissant de situations d'impasse thérapeutique contre des infections bactériennes liées au développement des antibio-résistances, et cela autour de 3 axes prioritaires, l'amélioration de l'efficacité de la prise en charge des patients, la préservation de l'efficacité des antibiotiques et la recherche pour de nouveaux antibiotiques.
En conclusion, indique le rapport, la situation française est loin d'être satisfaisante, même si certains résultats ont déjà été obtenus. L'extension de l'usage des céphalosporines de 3ème génération, de l'association amoxicilline-acide clavulanique et, à l'hôpital, de la colistine et des carbapenems est préoccupante au regard du développement des souches résistantes. L'introduction de nouvelles molécules est donc une urgence, mais, dans cette attente, il reste primordial que les prescripteurs fassent la distinction entre antibiotiques de première ligne et antibiotiques de recours qui « doivent être considérés comme une ressource rare ».
Source : ANSM « Dix ans d'évolution des consommations d'antibiotiques en France », le Rapport et Dossier thématique Antibiotiques
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