L’hiver avait été rigoureux dans le nord du Montana, si rigoureux que les corbeaux tombaient parfois du ciel en plein vol, les organes internes apparamment éclatés, et tels de grands lambeaux de chiffon noir ils tombaient dans bois ou dans une pêture, percutant la terre à quelques semaines du printemps.
Les chevaux efflanqués, ceux que les coyotes et les loups n’avaient pas eu, s’approchaient alors ; ils ramassaient ces corbeaux entre leurs dents et se mettaient à les manger en mâchant leurs plumes noires et luisantes.
Il n’y avait rien d’autre à faire.
C’est ainsi que commence (presque) la première nouvelle, Mahatma Joe du livre Platte River de Rick Bass.
Perdue dans le Montana en lisant ce recueil de nouvelles, ce matin, j’ai découvert le jardin recouvert d’une fine couche de neige. Je me suis empressée de faire une photo avant qu’elle ne fonde et je me suis dit :
Le printemps avait été rigoureux dans le sud de Carpentras…