Les «likes» n’ont pas l’impact que l’on croit...
Les marques créent une page Facebook pour augmenter la visibilité de leur entreprise notamment en accumulant des fans. Des espaces publicitaires sont vendus pour augmenter ces fans, mais ces derniers sont-ils des consommateurs potentiels ?
Rory Cellan-Jones, journaliste pour BBC News, spécialisé notamment dans les nouvelles technologies a tenté une expérience pour le moins originale. Il créé le 4 juillet sur facebook la page fan de VirtualBagel une société fictive de gâteaux et paye pour des publicités afin d’attirer des fans. Très rapidement sa société artificielle atteint un nombre de 3 000 likes c’est pourquoi il s’intéresse à la valeur de ces likes tant prisés par les marques et à l’utilité des publicités sur Facebook.
Pour la création de la page il ajoute une photographie d’un bagel et intégre une brève description de son entreprise imaginaire «Nous avons un rêve. Offrir des bagels virtuels sur Internet pour un monde de mangeurs virtuels. Rejoignez-nous dans cette vision du futur faible en calories». Après avoir créé cette simple page il choisit d’en faire la promotion en se servant des offres payantes proposées par Facebook. Il décide de déployer ces publicités aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Russie, en Inde, en Egypte, en Indonésie, en Malaisie et aux Philippines. En outre, il cible essentiellement les moins de quarante-cinq ans portant un intérêt particulier pour la cuisine ce qui d’après Facebook lui offre une audience potentielle de 112 millions de consommateurs.
En quelques minutes seulement la page était déjà «likée» et elle atteint 1 600 «likes» en 24 heures. Mais d’où pouvaient bien provenir ces likes ? L’entreprise était devenue très populaire aux Philippines, en Indonésie ou en Egypte alors qu’au Royaume-Unis ou aux Etats-Unis, personne n’avait manifesté un quelconque intérêt. Rapidement, Rory Cellan-Jones s’aperçoit que ces fans ont des profils douteux. Le cas le plus manifeste est celui d’Ahmed Ronaldo, vivant au Caire, soit disant employé au Real Madrid. Il est d’ailleurs fan de plus de 3 000 pages, chacune portant sur des domaines variés.
Dans un deuxième temps, le journaliste cible uniquement les pays qui avaient montré le moins d’engouement pour sa société à savoir le Royaume-Uni, et les Etats-Unis. Il se rend alors compte que les likes ne cessaient pas d’augmenter mais qu’ils ne provenaient qu’en minorité des pays pour lesquells il avait restreint sa promotion. En quatre jours, cette page atteignait environ les 3 000 fans.
Toutefois «Est-ce que Facebook s’inquiète de ces faux profils qui génèrent de faux-likes ?» ou encore «A qui appartiennent ces profils factices ?» s‘interroge-t-il. Les annonceurs risquent de ne plus faire confiance aux offres de la plateforme ; ce qui risque d’entrainer de lourdes conséquences pour cette dernière. En effet, puisque les dépenses occasionnées pour la promotion de la page ne parviennent pas à cibler les personnes voulues, cela témoigne du caractère artificiel de la popularité des comptes des sociétés commerciales sur Facebook.