Ces chercheurs de l'Université de Californie- Berkeley se disent eux-mêmes enthousiasmés par leur découverte. Ce composé « photocommutateur » qui injecté à des souris aveugles leur a rendu la sensibilité à la lumière, semble également très prometteur pour le traitement des maladies dégénératives de l'œil comme la rétinite pigmentaire et la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) chez les humains. Leur recherche vient d'être publiée dans l'édition du 26 juillet de la revue Neuron.
Cette équipe californienne en collaboration avec des chercheurs de l'Université de Munich et de l'Université de Washington (Seattle) a découvert une substance chimique qui restaure temporairement une certaine vision chez des souris aveugles. Alors que les maladies dégénératives ophtalmologiques héréditaires comme la rétinite ou acquisescomme la DMLA, liées à la dégradation des cônes et les bâtonnets donc laissant l'œil sans photorécepteurs fonctionnels, laissent en revanche le reste du système visuel intact, mais en grande partie incapable de répondre à la lumière, l'AAQ (acrylamide-azobenzene-quaternary ammonium), cette petite molécule synthétique photocommutateur, pourrait permettre de restaurer la sensibilité à la lumière de la rétine.
Le composé chimique, appelé AAQ, agit en rendant les autres cellules, normalement "aveugles" de la rétine sensibles à la lumière, explique l'auteur principal, Richard Kramer, professeur de biologie moléculaire et cellulaire à l'UC Berkeley. L'AAQ est un photocommutateur qui se lie à des canaux ioniques situés à la surface des cellules rétiniennes. Lorsqu'il est activé par la lumière, AAQ modifie le flux d'ions à travers ces canaux et active les neurones comme les bâtonnets et les cônes le feraient. Le processus est comparable au mécanisme d'action des anesthésiques locaux qui pénètrent dans les canaux ioniques entraînant une insensibilité pendant une longue période, mais, en plus, la molécule est sensible à la lumière et allume ou éteint l'activité neuronale. Le composé chimique disparaît ensuite petit à petit et offre ainsi une alternative plus sûre- suggèrent les auteurs- que les thérapies géniques ou cellulaires qui modifient définitivement la rétine. C'est aussi une technique moins invasive que l'implantation de puces photosensibles.
Les avantages, un composé chimique simple, à posologie adaptable, utilisable en combinaison avec d'autres thérapies, à effet réversible, et par procédé non invasif.
L'approche « Photocommutateur » est donc une avancée majeure dans le domaine de la restauration de la vision, et si de nombreux essais sont encore nécessaires, cette classe de composés représente un espoir de nouveaux traitements des maladies dégénératives de l'œil. De nouvelles versions de l'AAQ sont déjà à l'essai, ajoute l'auteur.
Source: Neuron, Volume 75, Issue 2, 271-282, 26 July 2012 doii10.1016/j.neuron.2012.05.022 Photochemical Restoration of Visual Responses in Blind Mice
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