Le succès du Ghana n'est pas seulement économique, il est aussi politique
Publié le 26 juillet 2012 par Busuainn_ezilebay @BusuaInn_EzilePour Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Iris en charge de l’Afrique, la façon dont s’est déroulée la période post-coloniale au Ghana peut éclairer les succès d’aujourd’hui. « Le taux de croissance à deux chiffres du Ghana et son exemplarité démocratique ont de quoi étonner au vu de la situation en Afrique de l’Ouest. Ses deux grands voisins, la Côte d’Ivoire et le Nigeria, souffrent de crises économiques et politiques chroniques depuis plus de 20 ans. Cette différence manifeste s’inscrit dans une histoire complexe, à partir des années 1950, au moment des premières indépendances en Afrique. La façon dont s’est déroulée la période post-coloniale au Ghana peut éclairer les succès d’aujourd’hui. Les paris de développer les infrastructures, d’améliorer les domaines de l’éducation et de la santé sous Kwame Nkrumah, premier président du Ghana (1960-1966) se sont révélés payants pour l’ensemble de la société. Contrairement à son voisin ivoirien, le Ghana a toujours réussi à faire fructifier ses rentes et à les diversifier, que ce soit hier avec le cacao ou aujourd’hui avec le pétrole, au point de voir le port d’Accra dépasser son concurrent direct, Abidjan. Bon élève des grandes instances économiques dans les années 1980, le pays a largement profité des aides des bailleurs de fonds occidentaux, le FMI et la Banque mondiale. Ancienne colonie britannique, le Ghana en a hérité la langue et le système juridique, deux atouts qui se révéleront être majeurs pour le pays, mieux intégré que ses voisins dans le processus de mondialisation. Mais il ne faut pas se leurrer. Le succès du Ghana n’est pas seulement économique, il est aussi politique. L’élection présidentielle de 2009 en témoigne : seuls 40 000 votes séparaient les deux candidats en lice. La communauté internationale félicita le pays et son nouveau président, John Atta Mills, pour le bon déroulement des élections, ce qui prouve une fois encore la réussite du modèle ghanéen par rapport à ses voisins nigériens et ivoiriens, plus enclins à recourir à la violence. » Recueilli par Yves ChapellierLu sur le site la-croix.com