Nous vivons depuis quelques jours au rythme de PSA; nous regardons, attentifs et patients, comment les dirigeants de l’entreprise et le gouvernement vont gérer les salariés mécontents suite à l’annonce de la fermeture du site d’Aulny, et surtout comment PSA va faire face à ses pertes en Europe. Le nouveau gouvernement, en la personne d’Arnaud Montebourg, tente désespérément de trouver une solution, ou au mieux atténuer l’annonce de PSA.
Pourtant, dans un système économique mondialisé, le gouvernement français va avoir du mal à s’immiscer dans les affaires du groupe et dicter ses règles.
Peugeot vient de révéler que ses pertes pour le premier trimestre étaient plus conséquentes que ce qui était prévu. Le groupe se retrouve avec une perte nette de 819 millions d’euros. Le constructeur va avoir du mal à remonter la pente, surtout si on se réfère à la conjoncture actuelle dans l’industrie de l’automobile et le positionnement de l’entreprise française.
En regardant les chiffres, on voit que le groupe PSA se fait surclasser par les constructeurs allemands (Volkswagen, Daimler et BMW) et asiatiques (Toyota, Nissan, Honda) en termes de chiffres d’affaires, mais également par le résultat net où Peugeot arrive 20ème.
Pourtant, PSA n’est pas le seul qui rencontre des difficultés : les constructeurs européens ont du mal à continuer à engranger des marges, à l’exception de l’industrie automobile allemande qui continue de séduire le monde entier.
L’aventure de l’automobile a débuté au 20ème siècle, et n’a cessé de relever des défis au cours d’un siècle d’existence. Mais le fleuron de l’industrie française doit faire face à une rude concurrence, non seulement au niveau la qualité des automobiles mais aussi sur le marché visé. Le marché européen arrive à maturité, il commence à être saturé, et Peugeot comme Renault ont de plus en plus de mal à se faire une place. L’offre est trop grande par rapport à la demande. Le client peut maintenant commander une voiture sur mesure, sans aucune restriction, et met les constructeurs en concurrence. Dans cette concurrence, le grand gagnant est le groupe VAG (qui détient Volkswagen, Audi, Porsche, Bentley, Seat, Skoda…). Sa réussite tient dans l’image de marque et de qualité qu’il dégage et dans les gammes diversifiées qu’il développe, de la basique vers celle de luxe.
Comme dans beaucoup de secteurs actuellement, on se tourne, par un automatisme bien huilé, vers les pays asiatiques, et notamment la Chine. Le marché automobile chinois est jeune, et la demande est très forte. Néanmoins, ce sont surtout les voitures locales qui séduisent la population pour les gammes moyennes. Si l’on monte en gamme, (de premium aux voitures de luxe), les voitures françaises sont incapables de rivaliser celles de leur voisin allemand qui attirent les chinois.
La pression technologique augmente de plus en plus, demandant aux constructeurs de pouvoir adapter rapidement leurs produits, adaptation que l’industrie française a du mal à mettre en place.
Ecologie oblige, les constructeurs automobiles doivent respecter les normes environnementales imposées par les différents gouvernements et institutions internationales. Ce qui demande beaucoup d’investissement, et une augmentation des coûts. C’est cette vision environnementale que le gouvernement socialiste français semble privilégier avec le bonus écologique.
D’après Arnaud Montebourg, «Ce plan est la renaissance de l’automobile française». Vu l’impact limité des précédentes aides gouvernementales et la capacité des autres constructeurs automobiles, il est normal d’être sceptique.
Manal Hachimi