Chose promise chose due, j’aborde donc le sujet des chauffeurs routiers roumains payés - en France ! - "au taux horaire de 1,44€" par Dentressangle (Europe 1, le 31 mai 2012)…
Ils pouvaient travailler au demeurant jusqu’à 56 heures par semai-ne alors que le code du travail limite le temps de travail hebdoma-daire à 48 heures. De surcroît en accordant sous forme de «rallonge» à cette mirobolante rémunération une prime kilométrique - totale-ment illégale - de 0,10 € (Byzance !) ils poussent les chauffeurs roumains à ne pas respecter le Code de la route, les temps de conduite (trafiquent-ils les « mouchards » ?) et la vitesse. Au détri-ment de la sécurité de tous les usagers de la route.
Ce trafic - qui permet à l’entreprise de diviser par deux ou trois la masse salariale ! - a été découvert inopinément en 2010 quand des policiers de la police aux frontières (PAF) ont contrôlé à la frontière italienne - particulièrement surveillée - un minibus à bord duquel voyageaient plusieurs Roumains.
Un « poids lourd » du secteur comme le laissait augurer le titre d’un autre article d’Europe 1 Travail illégal chez un géant des camions ? (30 mai 2012). L’entreprise Norbert Dentressangle emploie en effet 33.000 personnes dans le monde, dont 15.000 en France et a racheté en 2007 - quand la Roumanie est entrée dans l’Union euro-péenne - une entreprise roumaine de transport. Rien d’illégal en soi à ceci près que sur les 300 chauffeurs roumains, les deux-tiers auraient été détournés en France…
Je ne peux m’étendre davantage aujourd’hui sur ce cas, embléma-tique du transport routier en France. Je ne saurais donc conseiller aux personnes intéressées de consulter un excellent site sur ces questions WK - TRANSPORT - LOGISTIQUE dont je me demandai s’il reflétait la position - très réactionnaire - du plus important syndicat patronal du secteur, à savoir la puissante Fédération nationale du transport routier (FNTR) - dont on se souviendra qu’elle traîna lamentablement les pieds lorsqu’elle fut contrainte en décembre 2009 à lâcher un peu de mou sur les rémunérations quand les chauffeurs routiers menacèrent de faire grève… ce qui se traduisit par « Y aura-t-il de la dinde à Noël ? » - lorsque je lus ce titre Norbert Dentressangle : sous-traitance ou travail dissimulé ? (1er juin 2012) qui constitue la défense Hervé Montjotin, patron du transport chez ND. Je vous passe les citernes de lait d’beu qu’il doit faire transporter par ces camions : plus respectueux que lui de la réglementation et du Code du travail, vous ne trouveriez pas ni en France ni en Navarre.
Hé, ben non. Ce site - dont les articles que j’ai consultés sont fort critiques - est nettement plus proche des positions humanistes prises par L’OTRE (Organisations des transports routiers euro-péens) qui n’hésite pas à tailler de sérieuses croupières à la FNTR… Il restera à se demander si cet organisme est en odeur de sainteté à Bruxelles où l’ultralibéralisme tient lieu de Bible. Nous pensions avoir échappé au désormais célèbre "plombier polonais" de la Directive Bolkestein. Nous aurons les chauffeurs routiers roumains en attendant sans doute pire encore.
Le grand public n’aurait certainement pas eu vent de cette affaire si précisément un des policiers - resté anonyme - en charge de ce dossier n’avait porté le pet en appelant Europe 1 le 31 mai 2012 « pour défendre le droit du travail français » et sans doute également écoeuré que l’enquête qui fut menée de mai 2010 à l’automne 2011 n’ait pas abouti plus tôt aux perquisitions menées dans 4 sites de Norbert Dentressangle (Flash-actu du Figaro 30 mai 2012).
Qui d’ailleurs s’en étonnera ? La justice se hâtait lentement en Sarkozie quand des intérêts « amis » pouvaient être remis en cause…