Des militants anti-nucléaires ont attendu en vain mercredi matin en gare de Versailles le convoi de matières nucléaires italiens destinées à l’usine de traitement de La Hague (Manche), dont ils ont perdu la trace après son passage dans l’Yonne.
Convoi de déchets nucléaires – Photo AFP
Selon Areva, ce convoi « suit son cours normal en suivant l’itinéraire initialement prévu« , et ne devait pas passer par Versailles.
« On dénonce l’opacité autour de ces transports de déchets et leurs risques car les règles de sécurité ne sont pas suffisantes. Le mieux serait d’arrêter ces convois », a déclaré Laura Hameaux, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire.
Quelque militants ont déployé au-dessus des voies une banderole où était écrit: « Déchets nucléaires, voies sans issue« .
« Le nucléaire nous mène dans une impasse: la France produit 1.200 tonnes de déchets radioactifs par an et on ne sait pas quoi en faire », a-t-elle dit. « Areva cherche à faire passer cette opération pour du recyclage mais seuls 10% des déchets, le plutonium, sont réutilisés ».
Areva a confirmé l’existence de ce convoi de 700 kilos de combustibles nucléaires usés, parti d’Italie à destination de l’usine de La Hague, où il est attendu a priori dans la journée.
Selon le groupe nucléaire, de tels transports sont « planifiés en accord avec les autorités« .
L’essentiel de la radioactivité est contenu dans des emballages avec une épaisseur d’acier de 40 cm, selon Areva. Quant à la « radioactivité résiduelle » autour du transport, « il faudrait rester 13 jours d’affilée à 2 mètres du convoi pour recevoir l’équivalent de ce qu’on reçoit lors d’une radio de l’abdomen », affirme un porte-parole du groupe.
Pour Philippe Guiter, secrétaire fédéral Sud-Rail, « on est dans le culte du secret au détriment de la sécurité car normalement un avis est émis en gare pour avertir les cheminots et là (à Versailles, NDLR), personne n’a rien vu« .
« Il n’est pas possible de jouer au chat et à la souris avec ces trains-là », a-t-il dit, jugeant que le train qui, selon les estimations des militants, devait passer vers 7H en gare de Versailles, a été « ouvertement détourné ».
Le député écologiste de Paris Denis Baupin a dénoncé le fait qu’ »on fasse passer des matières dangereuses en pleine agglomération ».
Le réseau Sortir du nucléaire a par ailleurs annoncé vouloir déposer un recours contre ce convoi devant la justice administrative, estimant qu’il n’était « pas justifié légalement ».
Le collectif rappelle notamment qu’en 2007 l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait fait part de « réserves » en estimant que les délais prévus entre les dates de réception des combustibles usés en France (entre 2007 et 2015) et celles de retour en Italie des déchets