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Il y a le feu en Catalogne, mais c’est l’Espagne toute entière qui risque de « cramer » !

Publié le 25 juillet 2012 par Copeau @Contrepoints

Avec 41,8 milliards de dettes en 2011, la Catalogne, le fleuron des régions espagnoles, fait partie des régions les plus endettées du pays. Elle vient aujourd’hui quémander l’aumône à la capitale et faire appel au fonds d’aide.
Par Thibault Doidy de Kerguelen.

Il y a le feu en Catalogne, mais c’est l’Espagne toute entière qui risque de « cramer » !

Nous apprenions ce week-end que la communauté autonome de Valence faisait appel à l’aide de l’État espagnol pour faire face à ses obligations financières d’ici la fin de l’année. Elle a reconnu ainsi son incapacité à assumer seule la détérioration de ses finances et a annoncé avoir besoin de 3,5 milliards d’euros.

Valence paye ses excès (en particulier le boom incontrôlé de l’immobilier et les politiques désastreuses des élus locaux) et son annonce n’a pas surpris grand monde, tellement ses comptes sont connus comme étant parmi les plus déséquilibrés parmi les régions. Sa dette publique atteint 21 milliards d’euros et son déficit a atteint 4,5% du PIB en 2011. Le coût de sa dette d’ici la fin de l’année s’élève à 2,5 milliards d’euros.

Toujours ce week-end, nous apprenions que Murcie faisait elle aussi appel au fonds d’aide mis en place par Madrid. Pour un montant un petit peu plus modeste, puisqu’il ne s’agit que de 200 à 300millions d’Euros.

Coup de tonnerre ! Hier, nous apprenons que la Catalogne va faire appel au fonds d’aide ! La Catalogne, le fleuron des régions espagnoles, celles qui revendiquait avec tant de fierté et de morgue son particularisme, qui refusait de reconnaître l’autorité de Madrid, dont la capitale, Barcelone, se mettait en concurrence directe avec Madrid… La Catalogne, piteuse, vient aujourd’hui quémander l’aumône à la capitale.

Avec 41,8 milliards de dettes en 2011, la Catalogne fait partie des régions les plus endettées du pays. Son besoin total de refinancement pour les troisième et quatrième trimestres de cette année s’élèverait à près de 5,8 milliards d’euros ! Or, aujourd’hui, la Catalogne, de par sa situation, n’a plus accès aux marchés. « Oui. La situation actuelle est que la Catalogne ne dispose pas d’autre banque que le gouvernement espagnol », a déclaré hier, mardi 24 juillet, à la BBC le responsable de l’économie de la région, Andreu Mas-Colell.

Des fuites d’informations laisseraient entendre que la région autonome de Madrid serait en train d’étudier les conditions d’accès à l’aide car elle aussi sent bien qu’elle ne va pas pouvoir finir l’année par ses propres moyens et que les marchés se dérobent. Plus au sud, c’est en Andalousie que la question, même si elle n’est pas à l’étude pour l’instant, risque de se poser car l’endettement était prévu au budget pour cette année et là aussi le recours aux marchés risque de se montrer problématique…

Or, il est clair que si des régions comme la Catalogne, Madrid ou l’Andalousie sollicitent l’aide du fonds, l’Espagne peinera à financer leur sauvetage avec les seuls 18 milliards d’euros du fonds. Si les 18 milliards ne suffisent pas, Madrid devra avoir recours aux marchés, idée que le gouvernement rejette pour l’instant, compte tenu des taux en cours. Dès lors, on comprend toute la position du gouvernement espagnol : attendre que l’aide européenne arrive, tenir le plus longtemps possible afin de permettre à la cavalerie d’arriver, que ce soit de Bruxelles, de Hambourg ou de Washington.

Arrêtons nous un instant sur ce fonds d’aide aux régions mis en place par Madrid. Le Fonds de Liquidité Autonomique (FLA) a été créé par le gouvernement de Mariano Rajoy afin d’apporter la liquidité nécessaire aux régions pour couvrir leurs obligations financières d’ici fin 2012 et le montant de l’attribution dépendra de ce que demanderont chacune des régions qui lui feront appel. Sa dotation maximale est de 18 milliards d’euros. L’accès au fonds est assorti de strictes conditions comme l’élaboration d’un nouveau plan d’ajustement et la vigilance resserrée de l’État central. Des conditions qui ressemblent un petit peu à ce que Bruxelles impose aux pays. Notons que ce n’est pas la première fois que Madrid vient en aide aux régions de la péninsule, même si c’est la première fois que cette aide est soumise à conditions. Outre une ligne de crédit ouverte en début d’année pour faire face aux échéances de dette antérieures au 30 juin, le gouvernement a créé un fonds destiné à faciliter le remboursement des impayés des régions à l’égard de leurs fournisseurs. Les régions lui ont emprunté 18 milliards d’euros (déjà). Les impayés de Valence représentaient à eux seuls 25% de la facture totale.

Bien sûr, cette crise des régions vient s’ajouter à celle des banques. Cette dernière est en grande partie due à la récession et l’écroulement du marché de l’immobilier. Il n’y a donc pas d’espoir de solution pour l’Espagne ailleurs que dans le désendettement de ces collectivités, la réorganisation de ses banques, la relance économique et une reprise de la croissance.

Quand je vous disais la semaine dernière de bien suivre l’évolution de la crise espagnole…

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