L’autre soir, je suis passée à la pharmacie. Entrant en même temps que moi dans l’officine, un couple de cinquantenaires accompagnés d’une femme âgée.
Cette dernière réussissait difficilement à reprendre son souffle entre deux quintes de toux impressionnantes. Au point que tout le personnel et les clients se sont arrêtés pour se soucier de son état et s’assurer qu’elle n’avait besoin de rien.
Assise sur une chaise, elle a fait signe à l’homme de s’installer à ses côtés. Tout en reprenant le contrôle de sa respiration, elle pose sa main sur le bras de son compagnon et le caresse tendrement.
Installée juste derrière eux dans la queue, j’ai été attendrie par ces gestes fébriles et par le regard rempli d’inquiétudes de cet homme.
La vieille dame s’est penchée vers lui et de sa voix enrouée par la maladie lui a dit qu’elle l’aimait.
Sans sanglots dans la voix, elle a poursuivi en s’excusant de ne pas avoir prononcé plus souvent ces mots à son attention. Qu’il était son fils et ce qu’elle avait de plus cher au monde et que quoi qu’il arrive, il ne devait jamais oublier qu’elle l’aimait.
L’homme, ému, ne quitta pas sa mère des yeux.
Je ne sais pas de quoi elle souffrait et si elle va ou non guérir, mais ce moment intime entre eux deux m’a touché.
Incertaine au sujet du temps lui restant à vivre, elle a simplement décidé de profiter de cet instant pour dire à son fils ce qu’elle ressentait.
En les laissant là tous les deux, partageant ces mots si lourd de sens, j’étais admirative.
Admirative parce qu’elle n’a pas pris le risque de laisser certaines choses non-dites. Admirative parce qu’elle a osé et qu’en prononçant ces mots, elle accepte tacitement que la fin peut la surprendre à tout moment. Admirative parce qu’en les regardant tout parût si simple.
Si seulement on pouvait tous trouver un moyen de se dire ce qu’on a sur le coeur sans prendre le risque que ce soit trop tard…