La langue tourne dans la bouche, derrière les dents. Seyhmus Dagtekin rumine les mots, les fait revenir, les mâche, les crache ou les retient. Un récit homérique le transporte en Amérique, les chevaux hennissent parmi les vagues. Il se laisse porter par « le va-et-vient des flux et des couleurs », parfois y résiste.
« Quand je traverse ta langue, que reste-t-il de l’instant sur la mienne ? »
Des traversées, ce recueil en est plein. Une des parties de ce livre ressemble même à ces traversées virtuelles des jeux multimédia. Le personnage, griffu, essaie d’atteindre un sac, « et ensuite il fait froid, et ensuite il y a des loups dans la forêt ».
Besoin de lire et relire, d’écouter le chant qui sourd des mots qui se bousculent dans les flots, les souffles, les herbes des prés, disparaissent, se dispersent.