En janvier dernier, nous apprenions que Jean-François Copé, quand il était ministre du Budget, aurait concédé une ristourne fiscale à ... Ziad Takkiedine.
Mais il y avait plus grave, bien plus grave.
En juin dernier, les juges avaient interrogé un neurochirurgien, Didier Grosskopf. Ce dernier a relaté l'épisode désormais connu et daté de 2004 quand Jean-François Copé, alors ministre délégué à l'intérieur et porte-parole du gouvernement Raffarin, avait dépêché avion et chirurgien sur l'île Moustique pour secourir son ami Takkiedine victime d'un accident (que ce dernier qualifia d'attentat).
Le ministre n'avait pas hésité à mobiliser des moyens de l'Etat pour cette affaire, comme le confirma le docteur aux juges français le mois dernier: « Jean-François Copé m'a appelé sur mon portable pour me demander de m'occuper d'un personnage important. La préfecture, après mon accord, est venue me chercher.»
Le 17 juillet dernier, le site d'informations Mediapart révélait les liens existants entre la banque Barclays et Ziad Takieddine, l'ancien intermédiaire de ventes d'armement proche de Jean-François Copé. Fabrice Arfi et Karl Larske publient de longs extraits d'un rapport interne de la banque britannique daté de février 2009. A l'époque, Takkiedine réclamait un prêt de 13,6 millions d'euros à l'établissement. Le responsable Moyen Orient de la banque a donc étudié le profil du candidat.
Ce document a été saisi par la justice française: selon les auteurs de l'article, il « révèle en effet la parfaite connaissance par la banque des circuits de blanchiment et d’évasion fiscale mis en place par Ziad Takieddine.» On peut notamment y lire que « Les activités de Ziad découlent essentiellement de la mise en œuvre de contrats entre le gouvernement français et le Moyen-Orient, précisément le Liban et la Libye. Il connaît personnellement le chef de gouvernement Nicolas Sarkozy, et l’a introduit auprès du gouvernement libyen. »
Le responsable local de Barclays a également détaillé tout le circuit d'évasion fiscale mis en place par Takkiedine, ainsi que les sommes restant à percevoir par l'homme d'affaires au titre de ces missions pour la Sarkofrance (notamment le contrat Amesys): « Comme on peut s’y attendre pour un client de la nature de Ziad, ses avoirs sont détenus par le biais de structures offshore, bien qu’il soit, lui et non un trust, le bénéficiaire direct de chacune (...) En raison de sa résidence à Paris, la structure de ses propriétés d'actifs est un peu complexe.»
Un peu complexe ?
Lire aussi:
- Le site de l'affaire Karachi: KARACHI GATE
- La pearltree sur l'affaire
- Le Karachigate est arrivé (Sarkofrance)
- Les documents Takieddine (Mediapart)