Les citoyens des Bahamas, des îles Caïmans, des Bermudes, de Monaco, d’Andorre, de la Suisse, et du Liechtenstein n’en ont pas cru leurs yeux au petit matin. Les institutions financières de leurs pays ont été mises sous séquestre. Toutes, sans exception. Des militaires ont tenu les politiciens à l’écart et procédé à plus de 400 arrestations. Avocats, fiscalistes et banquiers d’affaires ont été tirés de leur sommeil et embarqués dans des fourgons cellulaires.
L’Interpol, l’ONU, L’OCDE, la SEC, et les organismes d’autorités des marchés financiers (AMF) de plus d’une vingtaine de pays ont été mis à contribution. Depuis 2008, une vaste enquête d’Interpol a été menée dans la plus grande discrétion. Dès 2003, des menaces sérieuses pesaient sur les grandes places financières mondiales. Les avertissements fusaient de partout et pointaient du doigt autant les grands fonds de couverture (Hedgefunds), les banques d’affaires, que les paradis fiscaux.
La Suisse réclame immédiatement l’arrêt des procédures. Dans la Principauté de Monaco, les Rainier crient au scandale et comparent le geste à un coup d’État sanglant. On comprend maintenant un peu mieux le scandale Madoff, mis au jour justement par la même escouade internationale. Ce cas ne serait pas unique. La collaboration d’anciens banquiers déchus, de milliardaires ruinés et de centaines d’employés récemment mis à pied à Wall Street et à la City de Londres, a permis ce coup de filet historique. Il semblerait que l’ampleur du scandale du LIBOR et plus récemment l’implication formelle de la HSBC dans le blanchiment d’argent au bénéfice du cartel Mexicain et de l’Iran a convaincu Barak Obama de collaborer pleinement.
Dès demain, on s’attend à des centaines d’arrestations supplémentaires et de mises en garde à vue dans tous les pays du G-20. Je m’attends à de nombreuses démissions politiques. Le financement occulte de certains partis (autant en Amérique, qu’en Asie et en Europe) ne fait pas de doute. La complaisance, le laxisme et la complicité politique ont permis aux paradis fiscaux de s’organiser et surtout de croître en toute tranquillité, jusqu’à maintenant. 21 000 milliards semblent un joli butin de guerre. Mais, il ne renfloue qu’en partie la destruction de richesse de 30 000 milliards subie par les bourses mondiales depuis 2008.
Si vous trouvez que c’est trop beau pour être vrai. Vous avez raison.
J’ai imaginé ce scénario en 2009. Mais malheureusement, 3 ans plus tard rien de tout cela ou même une petite taloche n’est venu inquiéter les paradis fiscaux. J’ai ramené ce texte au goût du jour en lisant les conclusions de la dernière études de TJN. L’organisme Tax Justice Network affirme que les paradis fiscaux ne cessent de croître. On estime maintenant au minimum à 21 000 MILLIARDS de dollars la somme totale des actifs qui échappent à l’impôt dans leur pays respectif. Le plus effrayant de l’analyse c’est que seulement 92 000 personnes sont propriétaires de ce magot. Dans une évaluation supérieure, le montant pourrait atteindre 32 000 milliards. Avant de prétendre que c’est de foutaise, sachez que ces chiffres s’appuient sur les données publiques des banques! « Les 50 premières banques destinées aux clients fortunés ont collectivement géré en 2010 plus de 12 100 milliards de dollars dans des investissements transfrontaliers (contre 5400 milliards en 2006), via notamment des trusts qui permettent de dissimuler le nom du bénéficiaire réel de ces placements ». A cela, il faut ajouter les plus petites banques ET les sociétés d’investissement qui n’ont pas de structure bancaire et TOUTES celles qui ne publient RIEN car elles sont privées. Vous comprenez mieux pourquoi l’Europe s’écroule sous les dettes et que nos hôpitaux, écoles, institutions et infrastructures manquent cruellement de ressources!
21 000 milliards. Vous trouvez ça énorme? Ça l’est, mais cela ne tient pas compte des avoirs physiques, comme les oeuvres d’art, les bijoux, collections ou les biens immobiliers. Ce n’est pas demain qu’on va défaire cette passoire bicentenaire. Permettez-moi quand même de rêver.