Un gentleman agreement semble avoir vu le jour entre PSA et le gouvernement après l'annonce brutale le 17 juillet dernier de 8 000 suppressions de poste en France. Reçu lundi par Jean-Marc Ayrault, Philippe Varin, le patron de PSA, a assuré que son groupe ne procédera pas à des licenciements secs mais confirme ses décisions.
PSA arrondit les angles mais continue à défendre sa stratégie envers et contre tous. La ligne arrêtée par la direction justifie ses choix radicaux par des prévisions d'une baisse durable du marché européen, où le constructeur vend 60 % de ses véhicules mais aussi par le coût du travail en France, dont il réclame une baisse "massive" alors que 44 % de la production du groupe est réalisée en France (23% pour Renault).
Ces deux éléments, recevables en partie, ne doivent pas occulter les erreurs stratégiques d'un groupe insuffisamment internationalisé, trop peu présent sur le marché chinois et à la gamme inadaptée en raison de ses coûts de production élevés. La puissance publique n'a de son côté rien à se reprocher sinon ne pas avoir assorti l'octroi de 4 milliards d'euros d'aides ces dernières années à une restructuration en profondeur de l'organisation de la firme sochalienne.
La ligne de défense de PSA est en effet contredite par une étude publiée mardi par Eursostat, l'Institut européen de statistiques. Sans surprise, l'hexagone figure parmi les pays européens où le coût du travail est, de façon globale, les plus élevés. Pour autant, le coût du travail dans le secteur de l'industrie n'a augmenté que de 2,4% en France depuis 2002, ce qui est trop faible pour justifier un décrochage massif en termes de compétitivité.
Les économistes relèvent surtout que la France n'a pas compensé son coût du travail élevé par une montée en gamme ou par une hausse suffisante de la productivité. L'étude souligne surtout que si l'Allemagne peut supporter un niveau élevé des salaires et de l'euro, c'est qu'elle pratique le recours massif à la sous-traitance en Europe de l'Est. L'externalisation permet à notre voisin Outre-rhin de gagner au moins 20% de compétitivité ce qui la place à un meilleur niveau que l'Espagne.
Ces explications ne changeront rien au mal-être des salariés de PSA mais ceux-ci ne doivent pas se sentir coupables de la situation de leur entreprise. Si le navire PSA prend l'eau, c'est avant tout parce que l'armateur et le capitaine n'ont pris ni la bonne direction, ni la bonne cargaison.
PSA : l’heure est au dialogue et à l’apaisement par BFMTV