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[Critique] TRANSFORMERS 3 – LA FACE CACHÉE DE LA LUNE

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Transformers : Dark of the Moon

Note:

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Origine : États-Unis
Réalisateur : Michael Bay
Distribution : Shia LaBeouf, Rosie-Huntingdon Whiteley, John Tuturro, Josh Duhammel, Tyrese Gibson, John Malkovich, Patrick Dempsey, Frances McDormand…
Genre : Science-fiction/Action/Saga
Date de sortie : 29 juin 2011

Le Pitch :
Le pauvre Sam Witwicky a sauvé le monde deux fois et trois ans après, tout le monde l’a oublié. Sans boulot, sans motivation et avec seulement sa nouvelle petite amie pour le soutenir, il se souvient des jours où il était important. En collaboration avec les forces militaires, ses potes mécaniques les Autobots découvrent l’existence d’une technologie extraterrestre que les humains ont gardée en secret depuis sa découverte sur la Lune pendant la mission d’Apollo 11 en 1969. Malheureusement, les Decepticons reviennent à la charge pour s’emparer de cette technologie, avec le plan machiavélique de réduire l’humanité en esclavage et de reconstruire leur planète natale, Cybertron…

Critique  :
Ce sacré Michael. Si on peut dire une chose, c’est qu’il écoute ses critiques. Après l’horreur qu’était Transformers : La Revanche, Bay et son équipe semblent avoir reconnu l’échec de leur dernier métrage (ce qui n’explique toujours pas la pourriture qu’était le premier volet) et font la promesse de rectifier le tir. C’est carrément tentant de donner un avis malhonnête et dire que ce troisième opus de Transformers est aussi mauvais que ses deux prédécesseurs, alors qu’en fait, il est à peu près au niveau déplorable du premier. C’est quand même incroyable que l’état actuel des blockbusters nous a tellement contraint à réduire nos espérances, que « pas aussi affligeant que ça» compte maintenant comme un verdict positif.

Toutefois, il faut le dire : le deuxième reste le pire des trois, les effets spéciaux n’ont jamais été aussi spectaculaires, et ô surprise, la 3D relief est légitime. Les restrictions imposées par les grosses caméras et l’incompatibilité avec les montages épileptiques shootés à la caféine, obligent Bay à refouler ses pires réflexes et à calmer son amour immodéré de la vitesse. Des ironies comme celle-là, ça donne salement envie de pleurer.
Mais la vraie question demeure : est-ce que Bay a vraiment tendu l’oreille ? Au premier regard, peut-être. Dans les quinze premières minutes, c’est presque bon signe : les deux jumeaux racistes sont partis, le rôle des parents super-énervants de Sam a été réduit à environ deux scènes, et on a même l’impression qu’il y a un scénario. Bay s’amuse à réécrire l’histoire en impliquant les Transformers dans la conquête de la Lune et dans le désastre de Tchernobyl (oui, vraiment) pour alimenter le récit avec des flashbacks.

Et puis vient la réintroduction des personnages. Le premier plan « de nos jours » se fixe sur le cul de Rosie-Huntingdon Whiteley et nous dit tout ce qu’on doit savoir sur Transformers : La Face Cachée de la Lune. Michael Bay n’a rien appris. C’est juste son entourage qui a forcé un peu sur sa laisse. Les mesures soi-disant prises pour calmer un peu le jeu ne font que laisser la place à de nouveaux problèmes, et le réalisateur oublie vite l’artifice de scénario pour retourner à ses mauvaises habitudes et prouver qu’il n’a vraiment que dalle à raconter. Bay recule pour mieux sauter. L’introduction de la nouvelle copine sexy du héros résume en une image le message que le cinéaste envoie à ses détracteurs : c’est comme ça qu’il fera son film, et si on n’aime pas, on peut aller se faire voir.

Ce qu’attend vraiment le réalisateur (et le spectateur, éventuellement), c’est la grande bataille finale. Une baston homérique qui dure près d’une heure et transforme Chicago en champ de bataille pour les Autobots et les Decepticons, et qui est assez lisible et bien filmée dans l’ensemble. Bien sûr, on parle d’un film de la série Transformers, où l’action implique un paquet de personnages inutiles et des enjeux incompréhensibles, et donc le niveau d’investissement n’existe pas. Mais il y a plein de grands bruits, de grosses explosions et des trucs qui pètent dans tous les sens, et si c’est tout ce qu’il faut pour impressionner les gens, autant laisser tomber. Soyons reconnaissants qu’on ne parle pas de la conduite d’une voiture ou du droit de vote avec la même attitude. Ça serait une autre histoire.

Mais pour arriver à ce gros combat cataclysmique, il faut d’abord endurer une bonne heure et demie (oui, la durée moyenne d’un film ordinaire) d’un tas de conneries qui sont aussi insupportables que les deux derniers films, pour toutes les mêmes raisons. Faut-il les énumérer ? Les robots sont toujours aussi moches, et ça n’a rien à voir avec le fait qu’ils sont différents de la version dessin-animé : leur look est tout simplement visuellement repoussant. Le scénario est incohérent et pitoyable, et ça n’a rien à voir avec les Oscars : c’est parce que même celui de G.I. Joe, également inspiré d’une ligne de jouets, arrive à un niveau supérieur.
Et il y a toujours trop de personnages qui encombrent l’intrigue, non pas parce que les robots seraient plus intéressants, mais parce que les humains le sont encore moins.

La bataille gigantesque citée plus haut est un exemple parfait. Une fois de plus, les robots passent 90% de leur temps à l’écran dans des bastons qui se déroulent hors-champ ou au dernier plan, alors que l’action principale suit Shia LaBeouf et une bande de soldats yankees anonymes, parmi lesquels on reconnaît seulement les visages de Josh Duhammel et Tyrese Gibson. Oui, pour la troisième fois, dans un film intitulé Transformers, les Transformers eux-mêmes sont laissés de côté pour que Michael Bay puisse à nouveau s’astiquer le manche sur le Pentagone. Vous imaginez si un autre blockbuster faisait des conneries pareilles ? C’est comme si une unité spéciale déboulait à la fin de The Dark Knight, du genre « Hé, Batman ! Casse-toi, mec ! Laisse faire les vrais héros ! On est les hommes de la situation ! »

La chose est bien claire : Michael Bay a la trique pour l’armée américaine. Ce n’’est pas un fan des jouets d’enfants et des robots, et il aimerait plutôt faire des pubs de recrutement militaire. Mais avec tout le respect qu’on doit aux sacrifices des vrais soldats, on doit déjà subir ce genre de conneries anachroniques sur les balèzes musclés qui adorent les flingues et sauvent le monde dans une grande majorité des films d’action. Alors pourquoi est-ce qu’on nous bassine avec le même pipeau dans un film où des robots géants étaient censés se taper dessus ?

Un autre point commun qu’à Transformers : La Face Cachée de la Lune avec les deux épisodes précédents : exactement la même intrigue. Une fois encore, les robots se battent pour un artefact magique qui tire son nom (et rien d’autre) d’un minuscule petit bout d’iconographie du dessin-animé. Ceci entre des scènes apparemment plus importantes où Shia LaBeouf, qui n’est inexplicablement toujours pas au chômage et possède autant de charisme qu’un aspirateur, doit régler ses problèmes amoureux.
Les acteurs dans Transformers ont toujours été lamentables, surtout LaBeouf qui recycle désormais de film en film ses mêmes mimiques hallucinantes. Mais Michael Bay sait gérer la situation. Il fait appel à de vieux roublards du cinéma indépendant (John Malkovich, Frances McDormand et ce pauvre John Tuturro…) pour se charger des rôles d’acteur afin de pouvoir continuer à jouer dans son coin sans s’en soucier. Le but n’étant pas de chercher des meilleurs acteurs, mais des acteurs, tout simplement. Tout comme George Lucas, les acteurs pour Michael c’est juste des effets spéciaux, aussi élémentaires qu’une explosion d’hélicoptère.

Tout comme la copine sexy du héros, parce que c’est absolument essentiel que le film comporte une copine sexy. Celle qui épaule LaBeouf est Rosie-Huntingdon Whiteley, top modèle de Victoria’s Secret et remplaçante de Megan Fox (virée par Spielberg après avoir comparé Bay à Hitler), qui remplit le même rôle de bimbo inexpressive à la personnalité inexistante. Notamment, quelques plans hilarants la voient fixer l’horizon d’un regard soit très vide, soit très pensif.

Mais Rosie fait également partie de l’aspect le plus pernicieux de la saga Transformers : en soit la tendance perverse de Michael Bay à sexualiser ce qui est essentiellement un jouet pour gamins. Il faut le rappeler, le pitch de Transformers aurait pu être expliqué par un gosse de cinq ans jouant avec ses figurines : des robots qui se déguisent en voitures et se tabassent les uns les autres. Ici, on a affaire à une franchise qui, dans le passé, nous a servi des blagues sur la masturbation, des couilles de robots, et des filles canons en posture suggestive sur des bolides.

Finalement, Michael Bay est un cinéaste à la sensibilité pornographique : sa passion juvénile pour l’armée, sa fascination lubrique pour les bagnoles, son regard voyeur porté sur les femmes, sont tous filmés avec le même style de clipper « mate-moi ça ! » aux angles de paparazzi. Avec ce troisième volet, il retourne à cette obsession orgasmique, filmant Rosie à côté de bagnoles ultra-commerciales et donnant une scène à Patrick Dempsey qui décrit les « courbes » d’une voiture, alors que la caméra s’attarde longuement sur le corps de Rosie. Parce que pour Mike, les femmes et les caisses c’est pareil : c’est des jouets.

Transformers est chiant. Transformers : La Revanche est une torture. Transformers : La Face Cachée de la Lune est juste fatiguant. Là, y en a juste marre. Marre de voir que c’est la merde qui rapporte le fric et pas autrement, marre de voir des spectateurs qui se sentent obligés de regarder de telles conneries alors qu’il y a des films d’action infiniment meilleurs, marre que « pas catastrophique » signifie maintenant « convenable », marre de Michael Bay, marre des blockbusters. Pour la troisième fois, Bay signe un film crétin, vide, excessif, cynique, bourrin, incompréhensible, beaucoup trop long, bourré de dialogues risibles (« J’ai perdu ma remorque, sans elle je ne peux pas voler ! ») et de clins d’œil lourdingues à Star Trek (Leonard Nimoy, le cousin de Bay, se pointe pour donner sa voix à un robot et rappeler à tout le monde qu’il était Mr. Spock), le tout souligné par des élans militaristes qui ont toute la subtilité d’un marteau-piqueur et donneraient des larmes de joie à Donald Rumsfeld.

Antithèse du blockbuster, insulte au cinéma, migraine du 7ème art, pire exemple de navet de la dernière décennie, la trilogie Transformers est un « clusterfuck » par excellence. On nous montre des effets spéciaux, on nous file la migraine, et on nous montre des effets spéciaux. Et alors ? On est censés être reconnaissants ?

@ Daniel Rawnsley

[Critique] TRANSFORMERS 3 – LA FACE CACHÉE DE LA LUNE

Crédits Photos : Paramount Pictures


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