Profil
Nom: Soraya Omar
Origine: Afghanistan
Profession: Aid worker
Adage: «J’ai toujours eu la nécessité de retourner dans mon pays”
Soraya est née et grandit à Kaboul, où elle a vécu jusqu’à que la guerre a commencé avec l’invasion soviétique de l’Afghanistan. La situation à Kaboul était de plus en plus dangereuse pour les étudiants, qui étaient emprisonnés ou forcés à s’enrôler dans l’armée. M. Raonaq, le père de Soraya, décide de prendre ses filles hors du pays, vers la France.
Après avoir étudié et travaillé en France pendant huit ans, Soraya part aux Etats-Unis pour commencer une nouvelle vie « quand j’ai quitté l’Afghanistan pour aller en France puis aux Etats-Unis, j’ai toujours senti le besoin de retourner dans ma patrie. Même si j’étais heureuse avec la vie que j’avais, ce vide était là. Je me sentais comme une nomade, avec mes bagages prêts à partir et incapable de les laisser dans un seul endroit. J’espérais revenir à mon pays et voir l’Afghanistan redevenir un lieu de paix, mais cela ne se produise pas. Enfin en 2001, avec l’invasion américaine, Kaboul a été libérée des les talibans et les portes de la capitale s’ouvrent à nouveau ».
Mais Soraya a été incapable de retourner car ses enfants étaient encore très jeunes et l’Afghanistan n’avait pas un système éducatif établi à la fin du régime taliban « Je ne voulais pas que mes enfants quittent l’éducation qu’ils recevaient aux États-Unis, alors j’ai attendu. »
Depuis qu’elle quitta l’Afghanistan, Soraya a dû attendre vingt-six ans pour y revenir. Enfin, elle a eu l’occasion en 2006. Elle est donc, retournée en Afghanistan pour travailler avec l’ONG Afghans for Tomorrow dans les projets éducatifs « quand j’ai mis mes pieds à Kaboul, j’ai eu un sentiment très étrange. La ville n’était pas la même que j’avais quitté il ya des décennies, tout avait changé, tout a été détruit, les gens avaient changé, même la langue avait été changé! Il m’a fallu un certain temps pour m’habituer à ce paysage”.
L’Afghanistan entrepreneur
Soraya nous dit: « quand je travaillais avec mes compatriotes et je voyais qu’ils apprenaient des choses grâce à moi, je pouvais sentir la gratitude dans les yeux. C’est si précieux, que je voulais trouver le moyen d’être de retour après que mon emploi a pris fin avec Afghans for Tomorrow. Je sentais que je pouvais faire une différence ».
En 2007, Wahid, l’époux de Soraya a été embauché pour travailler en Afghanistan pour une longue période de temps, ce qui motive encore plus à Soraya a vouloir y retourner. Elle a trouvé une école pour sa fille et elle-même trouvé un emploi avec BPeace, une ONG soutenant les femmes entrepreneuses.
Elle a commencé à travailler avec BPeace la même année, aider les femmes à améliorer et développer leurs entreprises, tout en étant des sources d’emploi pour les autres, un facteur clé dans le maintien d’un climat de paix dans le pays. Les projets BPeace ont beaucoup d’impact sur la vie de nombreuses femmes, et pas seulement celles qui travaillent pour les programmes, mais pour d’autres familles indirectement liés « les femmes contribuent à l’économie de leurs familles. Beaucoup d’entre elles ont commencé à envoyer leurs enfants à l’école au lieu de les envoyer travailler dans les rues », explique Soraya.
Soraya partage un exemple clair, « Fadma est une veuve qui a perdu son mari dans les mains des talibans. Elle est allé en prison et pour quelque sorte elle est arrivé à s’échapper, rentrer chez-elle, prendre ses enfants et fuir en Iran, où elle a appris à travailler le bois et fabriquer des meubles. Après 2001, elle retourna en Afghanistan et ouvra un petit atelier. Elle n’avait pas beaucoup d’argent, que certains outils, mais elle reçoit l’aide d’une organisation italienne. Peu à peu, elle commença à aider des autres veuves dans sa communauté. Puis, elle ouvra des sites de production ou elle venda les meubles, même certains sont dans le palais du gouvernement! Toutes les veuves ont commencé à gagner leur argent et pouvaient soutenir leurs familles. Fadma a environ 4000 femmes qui travaillent dans ses ateliers de production, c’est un grand nombre! Et ce que dans une seule communauté ».
De l’intérieur
«L’Afghanistan n’est pas ce que les gens croient en l’Occident. Il y a des problèmes de sécurité parmi d’autres, mais nous ne sommes pas seulement un pays de terroristes et des burkas ».
Bien qu’il existe encore de nombreuses situations à améliorer, la situation du pays a connu des progrès, en particulier dans les grandes villes « Dans mon expérience de travail avec les femmes à Kaboul, Mazar-e-Sharif, Ghazni, Jalalabad, Bamyan et Parwan, je peux vous assurer que ces femmes sont souvent les chefs de leurs familles. Rappelez-vous que beaucoup d’entre elles ont perdu leurs époux pendant les conflits armés, en restant sans aucun soutien masculin, ce qui est essentiel dans la culture afghane. Alors, elles sont devenues le seul soutien de leurs familles (…). Je suis optimiste, il ya un changement en Afghanistan, le pays veut participer à son développement socio-économique», dit Soraya.
Comme dans autres sociétés, les femmes afghanes ont plusieurs profils « les femmes ont leurs propres règles dans la société afghane. Les mâles ont leurs propres activités, les femmes aussi. Elles s’organisent, non seulement pour le plaisir, mais pour prendre des décisions, c’est un échange de connaissances. Beaucoup d’entre elles ont une voix forte et ont une puissance important ».
Maintenant Soraya vient de rentrer aux États-Unis. Est-ce que la voix de sa patrie, l’Afghanistan, continue de l’’appeler? « Je vais retourner dans mon pays pour mettre en ouvre des modèles d’affaires dans une école. La clé pour amener la paix dans notre pays, c’est l’éducation, qui est si limité dans de nombreux zones. Il est clair que mes gens n’ont pas assez d’argent pour nourrir leurs familles : leur premier besoin est de remplir l’estomac. Il y a un lien entre l’éducation et l’économie, l’idée est de compléter les deux points et créer des systèmes éducatifs qui peuvent aider à migrer des idées d’affaires afin que des familles puissent devenir autonomes et capables d’envoyer leur enfants à l’école ».Interview: XMA
Photos: Soraya Omar