Ce soir-là, Friends donna son dernier concert nord-américain de sa longue tournée au Club Lambi. On ne le répétera jamais assez. Ce groupe mérite tous les superlatifs et particulièrement sur scène. Manifest, leur premier album, est un disque humble par le propos, audacieux par sa forme, d’une qualité d’espace et de temps plutôt rare chez des musiciens de la pop, un disque de paysagiste et de mélodiste tout ensemble, mystérieux et généreux. Le mystère est une manière de se voiler la face pour ne rien dire, et dissémine de belles montées en fièvre avec un art consommé du vertige par la belle Samantha, chanteuse du groupe. Pour preuve, ce disque a des airs de petite toupie qui tourne sur elle-même, avec vigueur et délicatesse, et qui entraîne dans sa ritournelle, les corps, les masques, les rôles pris et abandonnés, et affirme avec intensité la joie d’aimer les êtres dans leur inconstance, pour leur part d’incomplétude tout autant que pour leur beauté, dans leur fidélités et leurs trahisons, dans leur douceur et leur violence. Voilà tout. Courrez, allez les voir (c’est un conseil d’ami)!