Quand nos petits mecs de Seattle ont branché leurs instruments, fait leurs derniers réglages puis ils s’y sont mis, dos au rideau, on a ressenti tout le soleil de la journée passée nous recuire l’épiderme. On se serait dit comme dans un vieux lab calfeutré ce soir-là, comme si on était avec eux dans ces moments de doute mais aussi de joie où ils s’enferment pour créer leurs musique, leurs films et leurs vies, les garçons de Beat Connection se sont coupés du monde mais on partagé leur monde avec nous. Ils ont préféré l’ombre à la lumière. Ils ont resserré les rangs, comme une meute qu’on s’apprête à attaquer. En silence, ils se sont observés. L’un d’eux a pressé les touches d’un clavier. Dés lors, elles ont résonné comme un éclair qui transperce le ciel et elles se sont ensuite éteintes, la journée était terminée. On est ressortis de cette salle avec des souvenirs très marqués de ce qu’il venait de se passer. Ces premières notes de synthé entêtantes qu’on a gardé des jours durant en tête. On venait de se faire avoir : avoir par la capacité de ces deux gamins à griser sans drogues, à faire oublier le passé et le futur avec leur électro-pop tortueuse et torturée. Comme dans une scène de film où les protagonistes se retrouvent coincés dans un présent à répétition.