Droits de propriété

Le droit de propriété désigne le droit d’user, de jouir et de disposer d’une chose et d’en être le maître exclusif. Poussons un peu plus loin la réflexion en appliquant ce principe à tout ce que nous précédons d’un adjectif de possession. Entre les mon-ma-mes et les ton-ta-tes, il y a une distinction que beaucoup ne font pas.

C’est le puissant constat que je fis après le décès de mes parents. Ils nous avaient légué en héritage une certaine somme d’argent.

Rêvant d’un chalet depuis longtemps et craignant de ne pouvoir en assumer seule la gestion, je demandai à mon frère de l’acheter avec moi. Ce qu’il refusa net, frette, sec, comme on dit chez moi.

Surprise de sa réaction, je voulus savoir pourquoi, puisqu’il avait les moyens de faire la transaction. Il me servit poliment le même non, qu’il surligna d’un généreux trait de fermeté. À vrai dire, il voulait attirer mon attention sur un angle mort qui allait changer ma conduite à tout jamais.

D’une voix douce et sincère, il déclara ce qu’il espérait être la dernière fois : Dodo, il y a quelque chose que tu ne comprends pas. Mon argent est à moi. Il n’est pas à toi. J’en fais ce que j’en veux. Je peux même prendre les billets et allumer un feu, si ça me chante. Ce n’est pas de tes oignons.

KABOUM! Cette explication boulet-de-canon pulvérisa le mur de mon incompréhension. Percée instantanée. Merci, sage petit frère adoré!

Depuis cet éclair de conscience, je prends soin de démêler ce qui m’appartient de ce qui ne m’appartient pas. Tout en me mêlant, justement, de mes affaires. Et s’il m’arrive de m’égarer, mon entourage se fait une joie de me le rappeler.

Les limites de notre propriété s’étendent de notre corps à nos croyances, de nos pensées à notre expérience, de notre travail à nos finances, de nos amis à notre allégeance.

Chacun est libre du temps qui lui est accordé. Libre de posséder les objets de son choix. Et de s’en servir ou pas. Libre d’aimer et de se laisser aimer. De s’engager et de changer d’idée. De donner sa parole et de la retirer.

Aucune loi n’oblige notre cœur à rendre des comptes ni à justifier ses choix, quand il reconnaît et assume ses droits. Et si nous étions ici pour nous approprier en entier cette vie qui nous est confiée?

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