On s’y attendait mais
l’ampleur du plan social de PSA à fait l’effet d’une bombe politique et
provoqué un émoi considérable. C’est normal, le coup est rude pour les salariés
en cause, les sous-traitants et à travers eux pour les villes et les
départements touchés.
Malgré tout, et sans nier le traumatisme provoqué dans de nombreuses
familles, il est affligeant de constater que les réactions du monde politique
et syndical sont toujours les même, qu’elles relèvent toutes du même schéma
politique, celui qui a conduit justement la France à perdre années après années
des milliers d’emplois industriels.
Je passe rapidement sur les exigences du PCF à travers son secrétaire
général qui trouve là, une nouvelle occasion de demander l’interdiction pure et
simple des licenciements. Encore un qui n’a pas compris, qu’interdire de
licencier 10% des effectifs, c’est en mettre en péril 100%.
Plus généralement, on gesticule, on fulmine en public, on s’indigne haut et
fort, on s’agite dans tous les sens, on rencontre les syndicats pour leur
affirmer qu’on est avec eux, on rencontre les patrons pour leur affirmer que ça
ne va pas se passer comme ça et ….ça se passera comme ça !
Lorsqu’un plan social est annoncé parce qu’une entreprise est en difficulté,
il est trop tard, bien trop tard.
Cela fait des années que l’on sait l’usine d’Aulnay en sursis. Cela fait des
années que l’on sait que PSA comme Renault, ne peuvent plus faire construire de
« petites » voitures en France à des prix compétitifs. Cela fait des
années que l’on sait que PSA faute de s’être suffisamment implanté sur des
marchés en expansion est vulnérables aux retournements de situations
économiques en Europe. Pire encore, cela fait des années qu’on se demande
pourquoi PSA est un des rares constructeurs européens à ne pas avoir plus
délocalisé sa production.
Rien de nouveau dans tout cela.
On n’a manifestement pas compris que les entreprises, embauchent et
licencient, et que le rôle que doit avoir l’Etat ce n’est pas de empêcher de
licencier mais c’est de leur mettre à disposition un environnement juridique,
social et fiscal qui leur permette d’embaucher plus qu’elles ne
licencient.
Mais le problème c’est qu’au lieu de se demander comment faire pour que les
entreprises continuent à produire en France, on s’est demandé comment faire
pour qu’un maximum de salariés vote pour nous aux prochaines élections
!
Alors on a élaboré un droit du travail hyper protecteur mais hyper complexe,
hyper rigide et hyper couteux à gérer.
Et par-dessus, dès qu’on a eu besoin de financer une dépense « sociale
», on l’a mise sur le dos des entreprises.
Plus généralement, on a considéré les entreprises au mieux comme des vaches
à lait au pire comme des ennemis à combattre, les deux n’étant pas
incompatibles.
D’ailleurs qu’elle a été la première réaction du gouvernement à l’annonce de
ce plan ?
Pourquoi annoncer ce plan maintenant et pas avant les élections ?
Les salauds, nous faire ça alors qu’on vient juste d’arriver au pouvoir
!
Tiens, imaginons les réactions à gauche si cette annonce avait été faite
dans l’année qui a précédé l’élection présidentielle !
Le leitmotiv aurait bien évidemment été : Avec nous ça ne se serait
jamais passé comme ça !
Avec nous, avec notre Ministère du redressement productif, Peugeot n’aurait
pas osé annoncer 8 000 suppressions de postes, au contraire ça aurait été 8 000
embauches …minimum !
Un électeur de gauche naïf (pléonasme ?) aurait donc pu penser que c’est
plutôt une chance pour tous les salariés de PSA que ce soit tombé sur le tout
nouveau gouvernement socialiste. Les casseurs de patrons, les empêcheurs de
licencier en rond, les chantres de l’Etat sauveur et tout puissant. Que ça soit
tombé sur ceux qui, pendant la campagne électorale, ont ostensiblement fait le
tour des entreprises en difficulté pour apporter leur soutien bienveillant aux
salariés contre les patrons voyous, les méfaits de la mondialisation et les
agissements sordides d’un gouvernement qui ne pensait qu’à faire des cadeaux au
grand capital mondialisé, apatride et amoral. Une chance….pas certain
!
On a l’impression que devant l’annonce de PSA, les socialistes sont comme
une poule qui a trouvé un couteau. Bon, maintenant qu’on a ça sur les pompes,
qu’est ce qu’on fait ?
Eh bien, rien les gars, rien ou presque !
Les agressives
et vaines rodomontades de Montebourg, les menaces de Ayrault et les
haussements de voix de Hollande vont peut être faire illusion 1 semaine ou 2
mais rapidement le peuple va s’apercevoir que le roi est nu, qu’à part un
énième éphémère et couteux plan de soutien à l’industrie automobile, l’Etat ne
pourra rien contre les contraintes auxquelles est soumise une entreprise privée
mondialisée comme PSA : Rien contre la baisse de la demande en Europe,
contre la concurrence accrue de constructeurs qui utilisent une main d’œuvre
bon marché et flexible, rien !
Au lieu de s’exciter stupidement contre Varin et la famille Peugeot (quel
beau symbole pour la Gauche), il vaudrait mieux utiliser son énergie à
s’interroger les raisons qui font qu’on en est arrivé là et ce qu’il faut faire
pour éviter les suivants. Il vaudrait mieux se demander par quels emplois on
peut remplacer ceux qui seront immanquablement perdus dans
l’automobile.
Ca n’est pas facile, reconnaissons le, mais s’il y a quelque chose dont je
suis à peu près certain, c’est que ce n’est pas en rétablissant les cotisations
famille, en fiscalisant les heures supplémentaires, en augmentant les
cotisations retraite ou en alourdissant les charges des sociétés d’intérim que
l’on va rendre de la compétitivité et de la flexibilité aux entreprises
françaises.
Au contraire, en continuant dans cette voix on prépare à coup sur les plans sociaux de demain et PSA ne signifiera plus que Pays Sans Avenir.