Reynald Secher a publié deux livres dont j'ai rendu compte sur ce blog: La désinformation autour des guerres de Vendée et du génocide vendéen ici et Vendée: du génocide au mémoricide ici.
Il a également réalisé, avec Ronan Manuel et Gérard Nimal, un DVD sur les Chouannerie[s] qui est un excellent résumé d'une histoire complexe et plus large que celle des guerres vendéennes.
Ce film, qui dure un peu moins d'une heure, ce qui est une gageure, nous rappelle, ou nous apprend, que la Révolution française a été voulue par le peuple des campagnes, y compris à l'Ouest du pays, mais que ce dernier a été rapidement déçu et ne l'a plus comprise.
En effet les privilégiés de la noblesse ont été remplacés par des privilégiés de la bourgeoisie. Les impôts n'ont pas diminué, au contraire, et n'ont fait que changer de noms et de profiteurs. Les biens ont changé de mains et sont devenus des biens nationaux.
Il est vraisemblable, cependant, que, si la Constitution civile du clergé n'avait pas été promulguée le 12 juillet 1790 et que le clergé proche des paysans n'avait pas été persécuté, il n'y aurait pas eu de rébellion.
La levée en masse de 300 000 hommes, décrétée par la Convention le 23 février 1793, a certainement été la goutte qui a fait déborder le vase, d'autant que les fonctionnaires de l'Etat en étaient dispensés et que les riches bourgeois pouvaient payer pour ne pas être enrôlés.
Avant de combattre pour le Roi, les chouans se sont donc battus pour Dieu, pour leur liberté religieuse, contre une religion réglementée par l'Etat. Au moment de se rebeller contre le tirage au sort effectué dans sa ville, Jean Cottereau, surnommé Jean Chouan, s'est écrié:
"Nos coeurs sont à Dieu, nos bras sont au Roi, nous ne tirerons pas pour servir les armées de la République."
Le plus terrible est que les chouans vont prendre les armes parce qu'ils ne voulaient pas faire la guerre...
Le sort de l'armée vendéenne et celui de la guerilla de l'Ouest, que la Loire sépare, ne sera pas le même. La Convention vote en effet deux lois génocidaires, le 1er août 1793 et le 1er octobre 1793, qui ont pour but avoué l'extermination de la seule Vendée. Le général Westermann, une fois ce "devoir" accompli, écrira avec satisfaction:
"Il n'y a plus de Vendée. Elle est morte [...]. Je viens de l'enterrer dans les marais et dans les bois de Savenay suivant les ordres [...]. Je n'ai pas un prisonnier à me reprocher. J'ai tout exterminé."
Ce film ne raconte évidemment pas l'histoire telle que je l'ai entendue sur les bancs de l'école de la République. Tant il est vrai que toute histoire officielle, étatique, trouve des accommodements avec la vérité parce que ce n'est pas le but qu'elle poursuit.
A la fin du film, Reynal Secher explique pourtant que seule la vérité permet de régler les passifs en matière d'histoire:
"On ne peut se projeter dans l'avenir que si l'on est en paix dans le passé et que si l'on est en paix dans le présent."
Francis Richard
Chouannerie[s], Reynald Secher, 52:31 min, Reynald Secher Editions ici
Extraits: