Ces émotions contradictoires, ambivalentes, encore terriblement d'actualité, prennent, avec l'histoire de cette femme, un destin tout autre.
Un choix difficile pour une femme qui se voudrait libérée mais s'enferme volontairement, sous l'emprise d'un besoin de reconnaissance jamais assouvi dans les yeux d'un autre, d'un seul. Du seul qui ne lui reconnaîtra jamais ce qu'elle a de plus profondément ancré en elle. La musique, la composition, auxquelles elle renonce volontairement pour un homme, Gustav Mahler. Drôles d'anfractuosités qui nous poussent vers de drôles de chemins...
Une heure où nous pénétrons dans les pensées intimes d'une égérie d'un autre siècle, muse d'artistes musiciens, Klimt, l'architecte du Bahaus, puis un écrivain. Nous sommes happés par la voix et les yeux de cette actrice qui semble incarnée d'Elma.
Je retenais mon souffle, voulais entrer dans ses yeux... lui dire : « mais ne vois-tu pas que ... ? » Mais pas le temps. Elle ne nous en donne pas le temps et file vers une autre émotion, un autre souvenir, et l'on ne peut que rester muet et respectueux, quoique l’on ait vécu, devant son questionnement presque lancinant, comme une mélodie qui se répète, à peine ébauchée, jamais plaintive ni victime. Quelques sourires émaillent cette tension, cette empathie que l'on se prend à vivre, et nous libèrent, la libèrent, du poids de convenances : être femme, être mère, ne même pas Être au travers de l’autre qui ne semble en rien son double, qu’elle n’admire même pas, qui a juste ce pouvoir de la convaincre : « tu m’es nécessaire et j'ai tout pouvoir sur toi par cela même ». Comment juger. Comment honnir un tel choix... Nombreux sommes nous à le faire encore aujourd’hui malgré l’ « avancée » des mentalités concernant les rapports hommes-femmes. Rapports humains tout simplement. Cela n’a rien à voir. Cela est plus au fond de chaque personnalité, de chaque histoire, de chaque blessure surtout.
L’ironie, le sarcasme fragile dont l’auteur, Anna Enquist, use, et dont je ne sais si ce sont ceux de la vraie Elma Mahler, sont bien nécessaires pour survivre, avoir des sursauts de fierté, dans de telles conditions. Et nous espérons jusqu’au bout qu’elle répondra à son interrogation. Et pourtant...
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