Rappelons que l'évaluation de Truvada par la FDA pour aboutir à cette indication du médicament en PrEP, s'est basée sur 2 études de grande envergure. L'une était déjà une étude menée par l'UCSF, portant sur des participants hommes qui avaient des rapports sexuels avec des hommes et qui constatait que Truvada permettait de réduire le risque d'infection de 42%. La seconde étude menée en Afrique et qui portait sur la transmission du VIH dans les couples hétérosexuels constate Truvada a permis de réduire le risque de 75%.
La PrEP pour des femmes enceintes non infectées? Mais, au-delà des populations spécifiques étudiées dans ces études, d'autres groupes, considérés comme à haut risque d'infection, pourraient aussi bénéficier d'une prophylaxie pré-exposition (PrEP). Le Dr Deborah Cohan, obstétricien-gynécologue à l'UCSF et auteur principal de cette étude, spécialisée dans la prise en charge de femmes enceintes vivant avec le VIH, a évalué l'utilisation de Truvada chez des femmes enceintes non infectées, mais dont les partenaires masculins avaient le VIH et met en avant « le nombre croissant de preuves suggérant que la grossesse augmente le risque de contracter le VIH ». D'autres études de grande envergure, dont « FEM-PrEP et TDF2 », ont déjà évalué l'utilisation de Truvada chez les femmes mais il n'existe que peu de données qui appuient son utilisation chez des femmes américaines, or la perception du risque et l'adhésion au traitement qui sont des éléments clés, dépendent de facteurs socio-culturels.
Traiter le partenaire séropositif, n'est pas le risque « zéro » : Les données actuelles indiquent que, lorsque des personnes séropositives ont une charge virale faible, en prenant un traitement antirétroviral, non seulement elles préviennent la progression de la maladie mais réduisent aussi considérablement le risque de transmission à leurs partenaires sexuels. Dans les couples hétérosexuels, si les niveaux de VIH du partenaire séropositif restent contrôlés par traitement antiviral, le risque de transmission du VIH au partenaire non infecté semble être particulièrement faible, remarque le Dr Cohan. « Mais ce n'est pas le risque zéro», ajoute-t-elle. Et cela suppose une parfaite observance de la stratégie antirétrovirale. Les US Centers for Disease Control and Prevention (CDC) estiment que seule une personne sur 4 infectées par le VIH (aux Etats-Unis) atteint une suppression virale soit une charge virale < 200 copies du virus par millilitre de sang. Se fier uniquement au partenaire séropositif sous TARV ne garantit pas l'absence de risque d'infection pour le partenaire séronégatif, ajoute le Dr Cohan.
Que faire, donc pour les femmes enceintes avec partenaire séropositif ?
· Essayer d'abord d'obtenir du partenaire masculin d'être mis sous traitement antirétroviral pour le cas où il ne le serait pas déjà,
· Demander au médecin qui le suit, d'effectuer des mesures mensuelles (et non trimestrielles) de sa charge virale afin de s'assurer de l'atteinte d'une suppression virale,
· Donner accès si besoin à la femme enceinte séronégative accès à la PrEP, bien que, souligne l'auteur, beaucoup de médecins et d'établissements ne soient pas encore formés à délivrer un TARV à des personnes séronégatives. « Beaucoup ne se sentent pas « outillés » pour prescrire Truvada aux femmes séronégatives et a fortiori enceintes dans le cas de couples sérodiscordants ».
Source: UCSF « HIV/AIDS Prevention with Truvada: How Pregnant Women and Others May Benefit”- (1)NEJM 2010; 363:2587-2599 “Preexposure Chemoprophylaxis for HIV Prevention in Men Who Have Sex with Men” et (2) July 11, 2012 10.1056/NEJMoa1108524 “Antiretroviral Prophylaxis for HIV Prevention in Heterosexual Men and Women” (visuel UCSF)
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