Quand j’ai découvert il y a quelques mois que le site de MAGHREB ARABE PRESSE n’était plus accessible au simple citoyen que je suis, je me suis senti un peu floué. Pourtant, c’est vrai : regardez bien la page d’accueil de l’agence, il y ait question d’abonnement.
Cela ne changeanit pas grand-chose pour moi car d’une part, je ne consultais que très rarement les fameux communiqués de la MAP et d’autre part, je laissais à d’autres le soin de les décortiquer et d’en faire ressortir la vacuité cachée derrière des tournures venues d’un autre temps.
Mais en fin de compte, je me rends compte que le fait de payer 99 dirhams par mois pour avoir accès à des informations totalement anodines relevait d’une espèce d’arnaque incompréhensible.
Pourquoi devrais-je m’acquitter de cette redevance pour lire les communiqués des différents ministères ou les déclarations de tel ou tel responsable gouvernmental.
En fait, le bon Khalid Idrissi Hachimi n’a fait qu’appliquer les dispositions du dahir portant loi n° 1-75-235 du 19 Septembre 1977 qui stipule dans son article 2 que l’objet de la MAP est, entre autres, de :
“de mettre, contre paiement, l’information à la disposition des usagers tant au Maroc qu’à l’étranger “.
Soit!
Mais la MAP nous avait habitués, nous citoyens lambda, à disposer de l’information gratuitement! Nous n’étions guère nombreux à profiter de la générosité de l’agence officielle, parce que certains prenaient cette libéralité pour de la propagande.
Cependant, un autre alinéa du même article précise, de manière très sournoise, la portée et surtout les limites de cette mise à la disposition de l’information au profit du public. La MAP a aussi pour objet de :
“de diffuser pour le compte des pouvoirs publics constitutionnels toute information que ces derniers jugeraient bon de rendre publique”.
Ainsi cet alinéa de l’article 2 du dahir portant création d’un établissement public dénommé MAGHREB ARABE PRESSE institue “la rétention de l’information publique” alors que la constitution de 2011 précise dans l’ article 22 du son titre 2 sur les libertés et les droits fondamentaux :
“Les citoyennes et les citoyens ont le droit d’accéder à l’information détenue par l’administration publique, les institutions élues et les organismes investis d’une mission de service public.”
Les seules restrictions à ce droit sont fixées par la suite de cet article :
“Le droit à l’information ne peut être limité que par la loi, dans le but d’assurer la protection de tout ce qui concerne la défense nationale, la sûreté intérieure et extérieure de l’État, ainsi que la vie privée des personnes, de prévenir l’atteinte aux droits et libertés énoncés dans la présente Constitution et de protéger des sources et des domaines expressément déterminés par la loi.”
Alors, Messieurs de la M.A.P., rendez à cette maison le rôle qui est le sien et n’exigez pas de nous de payer pour avoir accès à un droit constitutionnel.
Si certains usagers sont intéressés par vos analyses – si vous en faites – ou s’ils veulent consulter vos dossiers – s’ils sont dignes d’intérêt et bien documentés – qu’ils paient, cela est tout à fait normal!
Mais ne nous faites pas payer pour lire les communiqués des différents ministères. Pas nous, les citoyens lambda!