Je sors de la séance d’ouverture de la conférence. Comme je l’ai déjà évoqué hier dans ma chronique quotidienne pour Yagg et par de nombreux tweets (http://www.twitter.com/jeanlucromero), il y a eu du beau monde en tribune (Katleen Sebelius, secrétaire d’Etat américaine à la santé ; Kgalema Motlanthe, vice présidente d’Afrique du Sud, Michel Sidibé, l’inlassable et combattif directeur d’Onusida, mais aussi un message vidéo de Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, sans oublier, pour le côté people engagé contre le sida, Sharon Stone).
Alors qu’est ce que cela a donné ? Beaucoup de déclarations bien sûr, mais l’optimisme commence à se ressentir avec l’espoir fou de la fin de l’épidémie. Belle annonce de Michel Sibidé : la Corée du Sud lève ses restrictions à la liberté de circulation des personnes séropositives. Thème qui a d’ailleurs été évoqué par presque tous les orateurs (Pour plus d’infos : http://HTTP///www.aids-sida-discriminations.fr ). De même beaucoup se sont réjouis qu’enfin 8 millions de séropositifs accèdent aux traitements ARV soit 20% de malades supplémentaires par rapport à 2010. Mais restent 7 millions de personnes qui ont besoin d’un traitement d’urgence et qui n’en ont pas et donc encore 1,7 millions de décès en 2010 ! Les discriminations, la sérophobie et l’homophobie ont réunis tous les orateurs dans un rejet clair de ces atteintes aux droits humains. Enfin, le droit à fonder une famille pour les femmes séropositives a souvent été réaffirmé. Globalement, j’ai ressenti de la colère et de l’espoir. De la colère sincère, pas une indignation de principe. De l’espoir possible, pas des promesses vagues et inatteignables.
Je crois certains discours notamment celui de Michel Sidibé, directeur exécutif de l’ONUSIDA, que j’ai très récemment, reçu au Crips. C’était une rencontre passionnante ! Moi qui pensais que, accompagné de son équipe de communication, la rencontre allait être assez formelle … Pas du tout ! On a parlé de tout : de la recherche, des droits, de l’accès aux soins… C’était vraiment une discussion très dense et très intéressante d’autant plus que Michel Sidibé est une personnalité extrêmement sympathique ! Une vraie belle rencontre et surtout la sensation que cette personne croit profondément en ses combats et n’est pas du tout déconnectée de la réalité de terrain.
Nous nous faisons cette réflexion sur le fait que nous manquions, pour le moment, d’une personnalité politique de premier plan qui porterait la lutte. Je n’arrête pas de le répéter moi qui en suis à mon 17e tour de France avec Elus Locaux Contre le Sida (ELCS) : le sida se soigne aussi par la politique ! Concrètement, qu’on l’aime ou pas, il faut bien reconnaître à Jacques Chirac qu’il a été, notamment avec Lula, un leader dans la riposte faite au niveau international. Je sais qu’il demandait, à chaque fois, que le VIH/sida soit à l’ordre du jour des conférences internationales. Aujourd’hui, on cherche … Mais j’avoue, je pense, je le dis non en tant que responsable politique mais en tant que militant et personne touchée, que François Hollande pourrait être cette personnalité qui reprendrait le flambeau après des années de sarkozysme où la lutte a été oubliée. Alors candidat à l’élection présidentielle, il avait tenu, lors des Etats généraux d’Elus Locaux Contre le Sidaun discours construit, ambitieux, innovant mais n’est pas tombé dans le jeu facile et tellement voyant des promesses infondées. Nous verrons bien mais je veux avoir confiance !
Dans quelques mois, soyez assurés que mon jugement ne sera pas obscurci par le parrainage enthousiaste que j’ai apporté à François Hollande, qui est d’ailleurs l’un des rares chefs d’Etat étrangers, qui ait été salué durant la séance d’ouverture pour sa volonté d’affecter une part de la taxe sur les transactions financières au développement. Et, dès ce lundi, les 21 000 congressistes entendront un message vidéo du président français…
PS : Grand moment d’émotion au Washington Monument où était lancé en début d’après-midi « The March on Washington » par un grand déploiement de Patchworks des Noms. En regardant ces hommages aux personnes décédées du sida, je constatais que la plupart des ces personnes étaient nées la même année que moi et, pour la plupart, décédées entre 1990 et 1994, juste avant l’arrivée des trithérapies. Tant de vies volées et moi qui suis, après 25 ans de vie avec le sida, un survivant…