Alain MINOD (France).

Par Ananda

« SAISIR »

L’intrépide assaut de la langue

Sur les rives du verbe

Là coulant

À découvert

Là étrenne

Ses sons

Dans le sens exsangue

Des corps inexplorés


Plis des mots

Dans le courant

Oubliant l’oubli

Pour mille et mille

Renverses du pont aux rives

Où ils giclent sur les pierres-mémoire vive


Mais – la langue sera-t-elle

Véhiculée pierre par pierre ?

Sera-t-elle sable sans -

À chaque fois -

Viser les embouchements

D’eau prise dans le hasard


Tout souvenir y creuse

Et le vent pousse à

Leur macération

Comme

Il les porte hors

Des flux trop serrés

En les abandonnant à la diagonale

De l’instant qu’il relève

De la pesanteur

Vers

La beauté libre

D’un chant contant

Le royaume de l’oiseau


Traversant la colonne

D’un poème qu’il ensemence

De vertiges au précipice de la langue

L’écriture difficile du long désir

Revivifie le corps

Divisé – peau

Sur peau

Polissant ainsi

Les nécessités d’âme

Dans un « Encore »

À venir


Sang et poème revisités

Traversant tous les courants

Libèrent la grâce

De l’instant

Soufflé

Contre les brûlis

De la souffrance – malgré eux :

Traversant toutes les veines de l’espoir

À chaque lâché

Du verbe

Comme

Sonde

Pour

Monde

Dans toute langue

Dans tous ses rythmes –

Ses accents

Ses images

Jusqu’à la musique

Qui les accompagne


Alain Minod.