« SAISIR »
L’intrépide assaut de la langue
Sur les rives du verbe
Là coulant
À découvert
Là étrenne
Ses sons
Dans le sens exsangue
Des corps inexplorés
Plis des mots
Dans le courant
Oubliant l’oubli
Pour mille et mille
Renverses du pont aux rives
Où ils giclent sur les pierres-mémoire vive
Mais – la langue sera-t-elle
Véhiculée pierre par pierre ?
Sera-t-elle sable sans -
À chaque fois -
Viser les embouchements
D’eau prise dans le hasard
Tout souvenir y creuse
Et le vent pousse à
Leur macération
Comme
Il les porte hors
Des flux trop serrés
En les abandonnant à la diagonale
De l’instant qu’il relève
De la pesanteur
Vers
La beauté libre
D’un chant contant
Le royaume de l’oiseau
Traversant la colonne
D’un poème qu’il ensemence
De vertiges au précipice de la langue
L’écriture difficile du long désir
Revivifie le corps
Divisé – peau
Sur peau
Polissant ainsi
Les nécessités d’âme
Dans un « Encore »
À venir
Sang et poème revisités
Traversant tous les courants
Libèrent la grâce
De l’instant
Soufflé
Contre les brûlis
De la souffrance – malgré eux :
Traversant toutes les veines de l’espoir
À chaque lâché
Du verbe
Comme
Sonde
Pour
Monde
Dans toute langue
Dans tous ses rythmes –
Ses accents
Ses images
Jusqu’à la musique
Qui les accompagne
Alain Minod.