Leader détaché du Championnat du monde de Formule 1 après sa victoire au Grand Prix d’Allemagne, Fernando Alonso (Ferrari) a encore prouvé à Hockenheim qu’il est un champion tout-terrain, aussi efficace sous la pluie que sur le sec, toujours placé et souvent gagnant.
Alonzo – Photo AFP
La pénalité de 20 secondes infligée à Sebastian Vettel (Red Bull), deux heures après la course, pour un dépassement hors-piste sur Jenson Button (McLaren), a rendu encore plus éclatante la démonstration de Fernando: il a arraché la pole position sur une piste glissante et dangereuse, puis il a résisté en course à Vettel et Button, qui ne sont pas les premiers venus.
« Fernando sait parfaitement comment utiliser son KERS (système de récupération d’énergie) pour résister à son poursuivant », a souligné Button, beau joueur. « J’avais une bonne vitesse de pointe et une bonne motricité en sortie de virage, ça m’a suffi pour rester devant », a résumé Fernando, en hommage à cette Scuderia Ferrari qui lui a encore fourni une F2012 incassable.
En 10 courses depuis l’ouverture en Australie, Alonso n’a jamais abandonné et toujours fini dans les points. Dans cette saison, la plus ouverte de toute l’histoire de la F1, il est le seul à avoir gagné trois fois, contre deux victoires pour Mark Webber et une seule pour cinq autres pilotes, Vettel inclus.
Dans l’euphorie de la victoire, le double champion du monde s’est même fendu d’un trait d’humour politique: « Ca fait plaisir de gagner ici en Allemagne, pour un pilote espagnol dans une voiture italienne dessinée par un Grec ». Alonso est au sommet de son art, il le sait, alors il peut se le permettre. Il peut aussi compter sur une Scuderia cosmopolite et acharnée, qui a transformé en trois mois une monoplace mal-née en voiture à battre.
L’Espagne, en pleine crise économique, se console avec le sport. Alonso est travailleur comme Iniesta, le milieu indispensable du FC Barcelone et de la « Roja » championne d’Europe et du monde. Et quand il est dans un bon jour, comme dimanche à Hockenheim, il est imbattable, comme Rafael Nadal.
Son récital allemand a été suivi de près par un duo de spectatrices venues de France et intallées dans la Parabolica, moyennant 99 euros pour trois jours, en se levant tôt pour être bien placées. « Il est tenace, même s’il est parfois limite, c’est pour ça que je l’aime« , a expliqué Marlène, fan de F1 depuis les années Schumacher et venue avec sa fille Hélène, « une vraie mordue« .
L’an dernier, Alonso était parfois limite, parce qu’il ne pouvait pas se battre à la régulière avec les Red Bull (une seule victoire, à Silverstone). Cette saison, il accumule les sans-faute et tire aussi le maximum des conditions météo et des incidents de course qui ont affecté ses rivaux, à tour de rôle. Alors les points s’accumulent, à une moyenne effarante de 15,4 par Grand Prix.
Affûté comme jamais, moins orgueilleux et plus réfléchi, tranchant dans ses attaques et difficile à doubler, Alonso ne veut plus revivre son cauchemar de 2010, quand il a perdu le titre au dernier Grand Prix suite à une erreur de la Scuderia. Depuis, il travaille comme jamais, car il sait que le talent ne suffit pas et que « le sport, c’est une histoire de hauts et de bas ».