Quand j’étais gamine, de l’âge de 8 ans à 17 environ, j’ai du regarder chaque année, soit à Noël, soit pendant les grandes vacances, la série des Angélique qui passe en ce moment sur la TNT. J’avais lu vers 10 ans l’intégrale des livres puisque c’est au départ une série de romans.
Comme des millions de petites filles depuis les années 60, je m’extasiais sur une héroïne aussi jolie, aussi courageuse et à qui il arrive autant de choses.
Cette année je les ai re-regardés alors que cela faisait au moins deux décennies que je ne m’y étais pas essayée. On ne devrait pas essayer de retrouver ses souvenirs ; la brioche de mamie est devenue rassie et bourrative et l’oncle Michel qui te poussait sur la balançoire est un sacré connard fou de Copé et Angélique est le pire des feuilletons jamais vus.
J’ai essayé bordel. Je connais encore toutes les répliques par coeur, je siffle faux la musique de Magne bref je peux être encore à fond.
Angélique incarne la femme comme jamais le patriarcat n’en a rêvé. Tout ce qu’elle obtient, elle l’a grâce à des ruses (de femme), du sexe, des manigances, des minauderies. C’est la femme dans tout son genre, la femme par excellence, comme Mars et Vénus l’ont décrites. Elle est prête à tout « par amour » (car on se doute bien que pour une femme rien n’est plus important), lorsqu’elle s’intéresse à quelque chose c’est toujours dans l bue de retrouver Joffreyyyyyyy (huhulements de vache). Elle soulève lascivement une paupière noire de khol, agite une boucle blonde, bref c’est une femme.
Comme me le faisait remarquer une copine, c’est aussi un film totalement pro-viol. Toutes les 3 minutes Angélique subit une tentative de viol. (ca tombe bien ca permet de la mettre à moitié à poil). Soit elle s’en sort après avoir copieusement protesté et agité ses petits points rageurs, soit elle subit les derniers outrages dans un déferlement de voiles et autres cuisses. (je conseille au passage la scène avec le cheik, espère de barbare qui passe son temps à assassiner des filles mais c’est normal il est arabe).
Je ne sais pas si les modèles féminins ont tellement changé au fond. est ce que la vision des femmes en 1965 est si différente de celle de 2012 ? Je vous renvoie au livre de Mona Chollet Beauté fatale qui décortique la série Gossip girl. N’est ce pas encore le modèle identificatoire qu’on tend aux femmes en leur demandant d’utiliser des « armes féminines » ? Ne demande-t-on pas avant tout aux femmes d’être rusées, malignes et rouées plutôt qu’intelligentes, minaudeuses plutôt que affirmées ? Et ce même en 2012?
Bref. Je ne crois plus à la madeleine de Proust qui a souvent un goût bien rance.