Non, mais c’est vrai.
Comment peut-on faire ?
Voir notre verre, non pas à moitié vide mais plutôt à moitié rempli. De préférence: rempli de particules d’or. De cadeaux de vie. De trésors. Même s’ils sont aussi infimes que ces particules d’or.
J’ai vu le film “Odette Toulemonde” de Eric Emmanuel Schmitt et j’ai été drôlement touchée. D’une part parce que j’aime cet écrivain, d’autre part parce que Odette Toulemonde, la protagoniste du film, me fait penser à moi. Oui, comme elle, j’écris aux écrivains, aux Gens que j’aime (aux humoristes que j’aime aussi mais ça c’est une autre histoire). Je l’avais fait pour Paulo Coelho. Je lui avais écrit en 2008, à une adresse que j’avais trouvé je ne sais où. J’avais déjà oublié que j’avais écrit une lettre quand, deux mois plus tard, je recevais une lettre en provenance de Saint-Martin. Signée par lui. Je n’ai malheureusement pas à côté de moi la lettre au moment où j’écris ça, mais par contre, je me souviens du message principal de son texte : les trésors de nos vies existent bel et bien, même si les malheurs quotidiens nous empêchent de les voir, même si nous ne les voyons pas, ils existent et son bel et bien à portée de mains. Il faut continuer à les chercher. Et savoir les accueillir quand ils sont prêts à entrer dans nos vies. Une pensée à toutes les “Odette Toulemonde”.
“Fermer ses oreilles” (expression chère à ma mère) à la petite voix qui nous dit que ce dont on rêve est : inutile, inatteignable, imbécile. Lui répondre que c’est important (pour nous) et lui citer le proverbe des petites choses qui ont une âme: “chaque cheveu fait son ombre sur Terre”. Tout a son importance, même ce qui se fait dans le noir, même ce qui se fait le souffle coupé, même ce qui ne dure pas.
J’ai une amie de 50 ans, Médecin d’origine Algérienne, qui a été victime de harcèlement dans son nouveau travail. Elle se sentait oppressée depuis plusieurs semaines et n’osait pas en parler à ses nouveaux collègues, et encore moins contacter la personne qu’elle avait remplacée pour lui faire part de ce qu’elle vivait. On lui disait qu’elle était incompétente, qu’elle n’avait pas sa place là où elle était, qu’elle ne comprenait rien. Elle se faisait enfermée dans une dangereuse spirale. Le hasard (?) s’en mêla : Un jour qu’elle vint chercher un dossier dans un service travaillant avec le sien, un homme lui remit la copie d’un email dans lequel l’ex-employé décrivait la souffrance morale qu’elle subissait.
Une simple copie d’un email qui aurait pu être jeté depuis plusieurs mois, voilà qu’elle se retrouvait dans sa main.
Elle contacta l’ex-employée et découvrit que celle-ci avait vécu les mêmes souffrances qu’elle : la dévalorisation quasi-systématique, les cris, les menaces de renvoi, les commentaires sur le physique, sur les pratiques religieuses ou les origines.
Mon amie était hantée par les étiquettes que cette femme son harceleuse avait tenté de poser sur elle : incompétence, inutilité, lenteur.
Alors à tous ceux qui comme mon amie sont hantés par les étiquettes, les ” on dit de toi “, les “que va-t-on dire de moi “, les ” on m’en veut “, “on m’en voudra”, “on ne m’aime pas”, “on pense que je ne vaux rien”… Vous le savez aussi bien que moi, aussi longtemps qu’il y aura des Hommes, qu’il y aura des langues, il y aura toujours quelqu’un qui aura a redire quelque chose sur vous. Tant mieux. Ca prouve que vous existez et que vous ne rentrez pas dans les rangs des moutons peureux et dociles. Relevez la tête. Fuyez si vous le pouvez. Battez vous si vous en avez envie et si cela aura une utilité pour vous, ou ceux qui arriveront après vous. Soyez conscient que vous n’êtes pas les mots négatifs que l’on emploie à votre sujet. Ne vous les appropriez pas. Fermez vos oreilles aux langues sales et à ceux qui tentent de vous salir.
Déconner. Rire. S’entourer de bonheur.
De personnes amoureuses de la vie.
De personnes qui vous font aimer la vie et qui lui accordent toute la place qu’elle mérite.
Soulager l’âme.
Prier son Ange gardien même si on ne croit pas en lui.
Parler à Dieu même si on ne l’entend pas. Même s’il joue a cache-cache avec nous. Lui crier sa colère. Son désespoir. Son néant. Et avancer.
Replonger en soi.
Se ressaisir. Se redécouvrir. Changer son regard. Apprendre. Recommencer. Revivre.
Lever les yeux au ciel.
Jouer avec le soleil. Lui rappeler qu’on existe et qu’on veut qu’il nous voit. Ne pas s’enfermer, ne pas se refermer sur soi, s’ouvrir au monde et a ce qui nous entoure.
Déconner. Oui, encore.
S’autoriser à ne pas être la belle plante verte, sans âme, sans saveur, sans cicatrices à exhiber, sans histoire à raconter à ses petits-enfants.
Retrouver le goût de la chair. Avec Lui ou Elle.
Le goût du toucher. Se laisser aller.
Trouver la personne dont le sourire nous allume, dont la seule pensée nous fait nous sentir brûlant et vivant.
Trouver quelqu’un qu’on aime avec les mots, la chair, les dents dans la peau et les éclats de rires.
Redécouvrir sa sensualité, son érotisme, les jeux intimes. Le laisser-aller vers soi-même.
Et si on ne l’a pas encore trouvé, alors oser le chercher.
Le traquer. Dans un regard, lors d’un échange, avec un mail, un mot, avec un livre-cadeau laissé en guise de “prends-moi, je suis à toi”.
Oser se rêver dans des bras qui n’attendent que nous, dans le respect de nos limites, et dans le jeu des corps.
Lui écrire, lui dire son désir, mais s’il paraît que “ça ne se fait pas, pas comme ça, pas pour une fille, un fille ça ne fait pas ça”. Vous n’êtes pas “une” fille, vous êtes beaucoup plus que ça.
Montrez-lui qui vous êtes, dites-lui vos désirs et laissez la vie et les envies décider.
Et puis enfin…
Juste faire ça.
Ca, Ce truc qui nous fait oublier le temps qui passe.
Et vous, comment faites-vous pour remettre de l’or dans votre vie ?
Photos : LaTchipie