Il faut que je vous raconte une histoire, ou plutôt, que je vous parle de quelqu’un de lumineux et de positif : L’Homme aux fossettes d’or ou plutôt devrais-je dire : l’Homme au coeur d’or. Je publie cette histoire en pensant à mon amie Ci’ qui m’a dit : “tu ne sais pas où tu seras dans quelques mois, garde une trace de ce qui t’es positif”. So, let’s go darling !
J’ai découvert l’Homme au coeur d’or par hasard. Dans une rediffusion de spectacle.
Ce jour là, je suis restée scotchée devant mon écran, comme si quelque chose de capital allait se passer devant moi. En fait, j’étais tout simplement en train de devenir ababa parce que je trouvais cet homme aussi drôle que beau. Beau comme un Dieu.
Je fixais la TV. Et Dieu seul sait que je la regarde très peu.
J’ai griffonné le nom de l’homme au coeur d’Or sur un carnet pour m’en rappeler et puis j’ai continué ma vie. J’ai continué à me renseigner comme tout bon internaute qui se respecte sur ces futures prestations. Puis, je me suis dit “Why not ?” Allons le voir sur scène, d’ailleurs, j’emmène mes tchipies.
Et j’y suis allée.
Je l’ai admiré.
J’ai ri.
Je l’ai aimé sur scène.
Après avoir vu son spectacle, j’ai décidé de lui écrire pour le féliciter.
Il m’a répondu assez rapidement.
Puis, la vie, le temps, et les hasards se sont mêlés. J’ai continué à regarder de temps en temps son travail, ses vidéos. Et j’ai découvert une vidéo très spéciale qui invitait à changer son regard sur les gens et les choses qui nous entourent. Sur les positions que nous prenons inconsciemment. Une vidéo qui interrogeait notre regard et notre âme.
Son travail, sa vision des choses m’avaient marqués.
Mais je ne pensais pas que ça aurait impacté mes relations avec ma famille.
Ce texte est dédicacé à Vanounou.
A Jimminy Cricket.
A ma fée Caramel pour qui le mot “barrière” n’existe pas.
A ma fée de l’arc-en-ciel.
A ma Kate Winicroquette.
A ma G. Cacahuette.
A Ci’ Qui m’a dit : Go !
J’ai décidé de faire part à l’homme au coeur d’or de ce quelque chose de singulier qui c’était passé dans ma vie depuis que j’avais vu cette vidéo. Je partage avec vous.
Voici un extrait de la 2nde lettre que je lui ai envoyée. Bien évidemment je l’ai quelque peu modifiée pour ne pas vous cracher toute ma vérité au visage, mais l’essentiel est là.
” Cher Homme au Coeur d’Or,
Quelque chose me taraude depuis la première fois que je t’ai vu et je tiens à t’en faire part.
Aujourd’hui, sans le savoir, tu m’as apporté beaucoup.
Je te fais le topo : je suis Martiniquaise, avec un très bel accent antillais et je t’ai connu grâce à une partie d’un de tes sketchs sur les accents.
J’étais morte de rire. Ce n’est pas une déclaration d’amour mais cette partie de mon récit est importante : je t’ai trouvé beau, très drôle et très sexy et je me suis dit “j’aimerais avoir un mec comme ça”.
Et subitement, la réalité et ses complexes m’ont sautés aux yeux. Un arabe et une noire Martiniquaise ? Facile à associer ? Une catholique, un Musulman ? N’y a–t-il pas plus simple comme type de choix ?
Passons.
Les jours sont passés, et j’ai décidé de faire rire ma mère un peu en l’emmenant te voir sur scène. Elle a adoré. J’étais très contente.
Ce soir là, je me suis endormie en regardant toutes sortes de vidéos de ton travail et c’est là que j’ai découvert une vidéo de toi, parlant, à sa façon, de notre regard sur le monde. De nos relations entre personnes de communautés différentes. Des barrières que nous mettons entre nous et les autres, quelque soit leur âge.
Ca m’a fait un choc. Tellement c’était évident. Qu’il suffisait de changer notre propre regard pour que peut être les choses dans nos vies changent. Et que le regard des autres aussi bouge.
Ton discours, ta vidéo, ton travail… C’était si simple, si bien menée, sans grand discours philosophique, juste l’émotion et l’évidence, que j’ai craqué. Je me suis dit qu’il faut que je montre cette vidéo à tout le monde et au maximum de personnes.
Ce que j’ai fait.
Dans le lot, j’ai choisi de la montrer à ma mère et une fois qu’elle l’a vue, je lui ai demandé de façon très solennelle :
“Manman, dis moi, est-ce que tu accepterais si je sortais avec un homme comme l’homme au coeur d’or ?
Un arabe. Avec moi, petite femme Noire Antillaise.
Ca te dérangerait ?”
RÉPONSE :
“Non. Non, tu fais ce que tu veux de ta vie, je ne peux pas décider à ta place. Je n’ai pas à le faire non plus.”
Soulagement.
J’ai alors décidé de discuter avec mon oncle, et j’ai eu envie de lui poser cette même question, car son avis est très important pour moi sur ce point là. C’est un antillais qui n’a pas sa langue dans sa poche, très influent, un grand bonhomme de 70 ans. Un papa, quoi. Avec qui, comme dit l’expression “ou pa ka fè la fet”.
J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai dit à mon oncle :
“Tonton, y a 2 personnes de qui je souhaite l’avis sur une question précise. Toi et manman. Je voudrais savoir : si je venais chez toi avec quelqu’un d’une autre communauté, est ce que ça te gênerait ?
Le Tonton :
“Ca me gênerait ? c’est à dire ? Tu veux me dire… sa religion ? Sa couleur de peau ? Ses origines ? (avec le sourire). Non, je ne peux pas faire ça, je n’ai pas le droit de faire ça.
Non ma chérie, dès que tu es bien avec cette personne, et que vous vous accordez sur les points qui vous semblent essentiels, c’est tout ce qui compte. C’est toi qui choisit. C’est ta vie ma chérie.”
Je suis restée abasourdie. C’était si simple. Plus simple que je ne le croyais.
Et on a continué à parler. Je l’ai serré très très fort dans mes bras pour la première fois de ma vie.
Je crois que j’ai eu l’un des plus beau cadeaux de ma vie de femme ce jour là, et l’un des plus beaux cadeaux de famille puisse faire à ses enfants : l’ouverture à l’autre, la tolérance, la liberté de choisir sa vie, et les personnes qui la constituent. La confiance en l’autre et en ses choix. L’encouragement à vivre sa vie comme on la sent.
Alors, même si, cher Homme au Coeur d’or, tu n’as pas conscience de l’impact que tu as eu, ne serait ce que dans ma petite vie d’antillaise anonyme, merci.”
Le temps à passé et je lui ai fait part de cette lettre. Et il m’a répondu. Oui, encore une fois (grand sourire).
Ce qui est le plus drôle dans cette histoire, c’est que j’ai eu l’impression d’avoir eu une certaine sérénité en entendant de vive voix que ma famille n’était pas gênée par mes choix amoureux. Me connaissant, je me serais battue pour arriver à mes fins… Mais, je reste soulagée d’avoir reçu cette preuve d’amour, envers moi et envers ceux que j’aime ou que la vie m’emmènera à aimer.
Nous finirons sur une anecdote.
Le jour où je suis allée voir le spectacle de l’homme au coeur d’or, quelques heures avant d’y aller, j’ai eu un “flash” : j’ai visualisé, comme ça, la couverture du livre “Manuel du Guerrier de la lumière”. Tiens, donc. Et pourquoi pas ne pas le lui offrir après le spectacle ? Peut-être que ça pourrait lui plaire, lui parler ?
Je me suis ravisée: “Encore une idée farfelue…”, “A quoi ça sert ?”, “Quel intérêt ?”.
Mes Tchipies et moi-même sommes parties, et sur le chemin, ma Tchipie K m’a regardée en me disant : “Alors, t’es tu décidée pour le livre ?”
Moi (gênée) : Non.
Tchipie K : Ah bon ? Mais pourquoi, ça aurait pu être bien.
Moi (ultra gênée): j’ai pas osé. Je n’ai rien… Quoi que si… J’ai un livre dans mon sac, celui que j’aime beaucoup. Tu sais, celui où ma collègue m’avait glissée une petite prière dedans ? (Oui, j’ai des collègues qui m’aiment bien et qui me glissent des prières dans les livres que j’aime… !)
Tchipie K : Laisse -moi le voir ? Ah, Le livre d’Olivier Clerc “La grenouille qui ne savait pas qu‘elle était cuite” . Ca à l’air bien ça !
Moi (gênée +++) : Oui, il est super. Tu penses que je pourrais le lui offrir ?
Tchipie K : Ben oui ! Et en plus si tu veux, j’ai même du fil pour cadeau pour qu’on puisse l’emballer !
Moi (??) : Tu as QUOI ?
Tchipie K : J’ai du fil sur moi !
Et elle m’a sortit un fil… tout blanc… et bouclé… Pil à la largeur du livre… Et nous nous sommes retrouvées à emballer le livre. Photos à l’appui.
Mon amie, la Tchipie K, m’a beaucoup touchée et amusée par ce geste.
Parfois, il suffit d’un rien. “Rien” Auquel on ne s’attendait pas, pour se rendre compte que les gens nous aiment, croient en nous, ont confiance en notre folie douce et en notre amour de la vie.
Et oui, finalement, ce livre, je le lui offert à l’Homme au coeur d’or. Tout en lui précisant que c’était soit ce livre, soit celui de Paulo Coelho “Manuel…”
Et devinez quoi ? Le livre de Paulo Coelho il l’avait déjà lu.
Et, ce matin là, il avait envie de lire quelque chose, mais il ne savait pas quoi.
Et voilà un livre emballé dans ses mains une fois la nuit tombée.
La vie n’est-elle pas faite de beaux hasards ?
Je vous embrasse tous,
La Tchipie.