les hackers ne sont pas tous méchants
"… une nouvelle sorte de terroristes : les hackers …", c'est le propos tenu en introduction d'un reportage, il y a quelques jours dans une émission TV d'information plutôt sérieuse ! Un brin de clarification s’imposait donc pour redorer le blason des hackers.
Parce que le hacker, tel que le définissent les manuels d’histoire, n’est pas synonyme d’escroc, voleur ou criminel. La définition la plus courante, reprise sur Wikipédia est la suivante : « une personne qui se délecte de la compréhension approfondie du fonctionnement interne d'un système, en particulier des ordinateurs et réseaux informatiques ».
Avec l’avènement durant la seconde moitié du XXème siècle de ce que nous appelons plus communément les nouvelles technologies de l’information, est apparue une population de bidouilleurs, animés par une seule passion : comprendre, maitriser et détourner la technologie mise à leur disposition de sa fonction première.
les hackers ne sont pas tous gentils
Il convient cependant de reconnaitre que le hacking, par définition, a permis le développement d’activités à la marge de la philosophie idéaliste mentionnée plus haut. Détourner les systèmes de protection d’un système informatique peut amener le hacker à côtoyer ou franchir le point de non-retour et sortir du cadre légal notamment.
Passons rapidement sur les aspects polémiques visant à introduire la notion de catégorisation chez les hackers (white, black, grey hats et autres lamers) car si cette dernière peut avoir un sens, elle n’apporte que des éléments de nuances pour un ensemble de personnages dont les origines sont communes.
les hackers sont indispensables au business
Si par définition, la compréhension d’un système par un hacker tend à en améliorer le fonctionnement (ou l’utilisation) par adjonction d’une bonne dose de créativité, nous sommes ici en présence d’une force quasi indispensable pour les entreprises…
Quelque peu éloigné des profils conformistes des équipes de marketing ou d’ingénierie, le hacker, élément atypique, saura mettre à profit sa virtuosité pour insuffler une nouvelle vision en matière de développement. Ceci ne saurait cependant être bénéfique que si les conditions suivantes sont réunies.
les hackers sont curieux
Décortiquer, désosser, regarder, analyser… la curiosité est la base du travail. Une connaissance approfondie de la technologie étudiée est nécessaire en toute circonstance, et le manque de documentation ne peut être un facteur de renoncement.
Rien ne doit freiner l’entrain de notre fouineur. Qu’il s’agisse du service d’un concurrent, du nouveau produit d’un fournisseur ou d’un projet communautaire en devenir, le hacker doit savoir mettre à profit ses compétences en matière de systèmes, réseaux, programmation, ergonomie, interfaces web, pour comprendre comment fonctionne ce que nous lui présentons.
les hackers sont respectueux
Respecter le système qu’il étudie, son constructeur et la philosophie qui a guidé ce dernier, est vital pour le hacker. Comme tout bon acteur de cinéma, c’est en se glissant dans la peau du personnage qu’il saura revisiter la scène et la détourner pour l’inscrire dans son propre scénario.
les hackers pensent différemment
Dans un jargon de recruteur, nous parlerions ici plutôt d’aptitude à réfléchir en dehors du cadre de référence, de faculté à remettre en cause de façon positive les approches habituelles. Mais vous l’avez compris, l’objectif du hacker est d’apporter une vision différente de ses collègues. A l’instar d’un artiste, il pose un éclairage différent sur l’environnement qui l’entoure et à ce titre, propose des interprétations moins traditionnelles.
Cette faculté de penser « autrement » s’accompagne constamment d’une prise de risques, d’un esprit d’initiative fort, dans un seul but : trouver l’alchimie nouvelle qui fait émerger d’un système, de nouvelles fonctions et de nouveaux usages.
de la théorie à la pratique
Si vous doutez encore de l’apport que peuvent avoir ce type de profils pour le monde de l’entreprise, voici quelques noms inscrits au Panthéon des hackers : John Draper, Steve Wozniak, Richard Stallman, Linus Torvalds, John Carmack. Si ces noms ne vous éclairent pas forcément, sachez que leurs « hacks » ont fortement influencé le développement des technologies dont vous profitez aujourd’hui au quotidien.
Je me permets de citer également ici quelques grands noms français de l’informatique, qui mérite amplement le titre de hacker : Philippe Kahn, Louis Monier, ainsi que le regretté Roland Moreno.
Au travers de leur compétences techniques, leur vision marketing, leur approche stratégique, ces quelques personnes ont su transformer l'écosystème qui les entourait en produits innovants ou concepts visionnaires.
vous êtes un hacker
Ou du moins, il n’y a pas de raison pour que vous n’en soyez pas un :
- parce que vous avez réussi à lire cet article jusqu’au bout
- parce que ceci vous a rappelé le moment où vous avez démonté la voiture télécommandée que vous avez reçu pour le Noël de vos 10 ans, pour la transformer en robot
- parce qu’en matière de sécurité, si le gendarme n’a pas parfois l’esprit du voleur, il lui sera beaucoup plus difficile de contrer les futurs coups de son adversaire
Anti-hackers, pro-hackers ou sans opinion, n’hésitez pas à laisser vos commentaires et réflexions sur les besoins que vous avez ou non, d’intégrer un hacker dans vos équipes.
Vincent
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