(Challenge YA/Jeunesse - 41/24,
Chroniqué pour Forbidden Book)
Hachette Jeunesse (Black Moon),
2012, p. 250
Première Publication : 2012
Pour l'acheter : La trace
Après des études de lettres et quelques années de recherche
universitaire autour des rapports texte/musique dans l’opéra,
Christine Féret-Fleury a fait ses gammes d’éditrice
avec Pierre Marchand, aux éditions Gallimard. En 1996,
elle publie son premier livre pour la jeunesse, Le Petit Tamour
(Flammarion), suivi en 1999 par un roman « adulte »,
Les vagues sont douces comme des tigres (Arléa), couronné
par le prix Antigone, puis par une soixantaine d’autres titres.
Depuis 2001, elle se consacre principalement à
l’écriture et assure la direction éditoriale des éditions
Les 400 Coups France.
Pour faire court (avant de développer chaque point), j’ai trouvé l’histoire sans réel intérêt. On nous offre des pistes en début de texte et malheureusement, alors qu’il s’agissait des seules choses à garder ou presque, on n’en parle plus ensuite. Les personnages ne m’ont pas vraiment plu et j’ai carrément détesté l’un d’entre eux. Heureusement, le texte est, surprise !, plutôt bien écrit ce qui permet d’aller au bout sans grande difficultés. En revanche, cinq jours après avoir tourné la dernière page, j’ai déjà tout oublié ! La Trace : un livre vite lu mais… qui ne laisse aucune trace !
Commençons par le pire et tentons de terminer sur le meilleur afin de ne pas laisser un goût trop amer à cette lecture…
Une des choses que je regrette le plus dans La Trace ? Le personnage de Rébecca, la jeune fille française. Je l’ai trouvée insupportable dès le premier chapitre et devoir suivre ses états d’âme s’annonçait très difficile. Heureusement, elle n’est ni la seule « héroïne », ni la seule narratrice, ouf ! Jeune fille mal dans sa peau, elle en veut à sa cousine de se marier (elle est tombée amoureuse du fiancé de celle-ci) et d’être plus belle qu’elle le grand jour (car elle porte une robe de demoiselle d’honneur qu’elle juge désavantageuse). Et oh Becky, t’es sûre que tu n’as pas plutôt 5 ans, au lieu de 17 ? Ce genre de gamines capricieuses, irréfléchies, immatures (et d’autres adjectifs péjoratifs) m’exaspèrent. Il est donc évident que je n’avais absolument aucune chance d’apprécier cette demoiselle et encore moins de m’identifier à elle.
Heureusement, deux (voire trois) autres figures féminines viennent compléter le tableau et, sans avoir des rôles passionnants, elles sont déjà beaucoup plus intéressantes et aimables que cette Rébecca. Sarah pour commencer, la fameuse future mariée qui s’enfuit. Elle est un peu fade et, soyons francs, ne sert à rien (à part jouer le rôle de la belle en fuite) mais elle n’est pas désagréable. Et je vous assure qu’à côté de sa cousine stupide et insupportable, on ne peut que l’apprécier ! Les deux personnages les plus intéressants sont aussi les plus secondaires, malheureusement : Lavinia la grand-mère et Dwight l’auto-stoppeuse. Elles apportent un peu de relief à cette histoire et ce n’est pas dommage !
L’auteure nous offre quelques chapitres dédiés au tueur (et donc utilise un nouveau point de vue interne), mais on n’y croit pas. L’homme est, semble-t-il, un gros psychopathe pervers qui ne s’en prend qu’aux belles femmes mais c’est tellement cliché que ça n’a pas fonctionné avec moi.
Mais le pire du pire à mon goût pendant cette lecture, a été le sursaut d’espoir offert au début du texte, espoir complètement piétiné au fil des pages. Pour être plus claire, voilà de quoi il s’agit : Christine Féret-Fleury introduit des sortes de flash-back dans sa narration ; on y découvre les « procès » des sorcières de Salem. Je me suis dit « chic ! Elle introduit un élément fantastique à son thriller et qui plus est, une sorte de concept de « vie antérieure », ça peut être très fun ! ». Oui, mais en fait non. On nous fait croire que Sarah est la descendante de la Sarah, sorcière brûlée dans les flash-back, et que le tueur actuel a quelque chose à voir avec celui qui sévissait à Salem… mais que nenni ! On nous mène en bateau pendant cinquante pages et puis ensuite… plus rien ! Oubliée cette histoire de sorcellerie, on n’en parle absolument PLUS (ou alors je suis passée à côté d’un truc et je n’ai rien compris) ! On pourrait presque croire que le début de La Trace est le début d’un autre roman et que l’auteure a rassemblé les deux bouts de texte et a mis deux ou trois éléments dans chacun pour rappeler l’autre… mais on se fout de nous ! Quel intérêt de nous balancer un élément qui avait du potentiel si c’est pour ne pas l’utiliser ensuite ? Parce que le coup des sorcières c’est dans l’ère du temps alors on en parle cinq minutes pour faire bien et appâter le client ? Aucun intérêt.
Sans être déçue par le dénouement, j’ai trouvé celui-ci assez rapide et j’ai eu envie de me dire « et bien, toute cette course-poursuite à travers tous les Etats-Unis pour cinq minutes d’affrontement final et hop, c’est réglé ?! ». Quant à la « grande révélation »… moui, ce n’est pas trop mal amené et pensé mais malheureusement, ça ne me fait pas oublier tous les autres points négatifs que j’ai pu relever.
En revanche, parce qu’il est aussi important de dire ce qui est positif, parce que oui, il y a du positif !, j’ai trouvé ce texte plutôt bien écrit. Le fond m’a déçue, c’est un fait, mais la forme rattrape un petit peu l’ensemble.
Je trouve que Christine Féret-Fleury écrit bien, tout simplement. Les personnages ne m’ont pas tous plu (euphémisme…) mais l’auteure, grâce aux multiples points de vue internes, les « interprète » bien. Dialogues et descriptions restent « jeunesse » mais ne tombent jamais dans le simpliste et ça m’a plu.
C’est pourquoi, malgré la déception apportée par cette lecture, je pense tenter un autre titre de Christine Féret-Fleury qui a, apparemment, écrit de belles histoires pour les plus jeunes !
Une déception, ni l’intrigue ni les personnages ne m’ont intéressée. J’ai eu l’impression de lire un assemblage de clichés, le tout formant un ensemble sans grand intérêt. Heureusement, Christine Féret-Fleury écrit bien, ce qui rend la lecture presque agréable et rapide.
"Sarah, Sarah, Sarah, Sarah.
Si belle sous ce voile qui proclamait son innocence perdue.
Tu aurais dû être vêtue de rouge, comme cette prostituée qui un jour m’aborda dans une ruelle obscure, marchandant mon plaisir et son abandon.
Tu aurais dû porter, brodée sur ton sein, la lettre écarlate de l’adultère.
Tu aurais dû marcher vers l’autel nue et chargée de chaînes, que j’aurais amoureusement, une à une, ôtées.
Sarah, tu as refusé ta délivrance. Tu as refusé ta rédemption.
Tu vas mourir."