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L’épouse de bois – Terri Windling

Par Livraire @livraire

Les Moutons Électriques
Traduit de l’anglais par Stéphan Lambadaris
ISBN : 978-2-9157-937-89
Titre original : The Wood Wife

L’épouse de bois – Terri Windling
Quatrième de couverture :
Maggie Black est écrivain, auteur d’études sur des poètes. Elle apprend qu’un de ses plus anciens correspondants, David Cooper, vient de mourir en lui laissant tous ses biens en héritage. Maggie décide d’aller s’installer dans l’ancienne maison de Cooper, pour enfin s’atteler à la rédaction d’une biographie du grand écrivain. Mais elle n’avait pas prévu que Cooper habitait en plein désert, dans les montagnes de l’Arizona (près de Tucson). Là, la vie n’a pas le même rythme qu’ailleurs. Les choses sont plus pures, les formes plus essentielles, les mystères plus profonds… Pourquoi Cooper est-il mort noyé dans un lit de rivière asséché ? Pourquoi des coyotes rôdent-ils autour de sa maison ? Qui est l’étrange fille- lapin qui s’abrite sous les grands cactus ? La magie de ces collines désertiques est puissante, Maggie Black devra prendre garde à ne pas y perdre la raison – ou la vie.

Mon avis :
Terri Windling est née en 1958 aux États-Unis. Après des études universitaires, elle arrive à New York avec l’idée de devenir dessinatrice avant de devenir éditrice et de contribuer à donner un nouveau souffle à la fantasy. Elle a partagé sa vie entre Tucson et l’Angleterre pendant une dizaine d’année. Depuis 2004, elle se consacre principalement à sa carrière d’écrivain et vit maintenant toute l’année dans un petit village du Dartmoor. Elle n’est pour ainsi dire pas connue en France où L’épouse de bois est sa première œuvre traduite.

Aux antipodes des clichés du genre, l’action de ce roman inclassable ne se déroule pas dans une forêt anglo-saxonne, mais nous emmène dans le désert de Tucson, au milieu des forêts de saguaros, ces cactus millénaires et des créosotes. Maggie Black apprend qu’un vieil ami épistolaire, qu’elle n’a jamais rencontré, lui a légué sa maison. Voyant là l’occasion de rédiger la biographie du vieux poète, elle laisse sur place amant hésitant et ex-mari collant pour aller s’enterrer dans l’Arizona.

Arrivée sur place, elle découvre qu’en plus de la maison, elle possède aussi terrains et d’autres bâtisses. Elle fait connaissance avec ses voisins et tandis qu’elle s’attelle à dépouiller les archives de David Cooper, dont le corps sans vie a été découvert noyé dans le lit d’une rivière asséchée, elle découvre qu’il lui a laissé une enveloppe contenant de mystérieuses indications : la mention d’un manuscrit introuvable dans la maison et une allusion à la nuit de la pierre noire. Bien décidée à élucider le mystère, elle retrace la vie de Cooper au cours de ces trente dernières années, la mort d’Anna Naverra, la peintre mexicaine avec qui il vivait, morte dans des conditions plutôt floues (suicide ? maladie ?).
Les éléments mystérieux viennent rapidement se greffer, entre chamanisme, brujeria et légendes amérindiennes. Ici un coyote à moitié borgne qui rôde sans cesse dans le jardins, là une Jeune Fille-lièvre tapie auprès des cactus et redoutant le passage de la meute. Le comportement de Juan, un des voisins de Maggie, se modifie de manière inquiétante, la figure énigmatique de Crow fait son apparition. Les personnages sont extraordinairement vivants, bien campés, avec leurs richesses et leurs secrets.

L’action de ce roman a été décrite à plusieurs reprises comme étant pratiquement inexistante, ce n’est pas tout à fait vrai. Il n’y a pas, à proprement parler, de monde fantastique, mais plutôt une incursion progressive d’éléments fantastiques dans notre monde, ce qui est la définition de la fantasy urbaine. Les recherches qu’effectue Maggie Black pour la rédaction de sa biographie (et la recherche du manuscrit introuvable) constituent en quelque sorte le fil conducteur de l’action. Par-dessus viennent se greffer les points de vues d’autres personnages, vus par un narrateur externe, apportant densité et mystère au récit : pourquoi Juan hante-t-il sans cesse les collines ? Qui sont ces mystérieux individus qui se rassemblent dans les collines ?

La langue de Terri Windling, habilement mêlée à des références telles que Borgès ou Neruda, est absolument unique en son genre. Son style n’est pas sans m’évoquer la nouvelle Saskia, de Charles de Lint (parue dans Magie Verte, éditions de l’Oxymore, 2003) en plus délié, plus approfondi peut-être. Cette similitude n’est pas très surprenante quand on sait que Charles de Lint fait parti des auteurs découverts et publiés par Terri Windling.
Loin de n’être qu’un prétexte, la poésie et la peinture occupent une place centrale dans L’épouse de bois, que ce soit par des citations, des références, ou l’apparition de personnes ayant réellement existé. Notons que la peinture de Brian Froud illustrant la couverture est à l’origine de ce roman.

C’est un roman vraiment atypique, riche et profond, un envoûtement dont on ne peut se défaire. En le fermant, on regrette que ce soit là son seul et unique roman à ce jour. Seul petit bémol, les nombreuses -et parfois énormes- coquilles qui par moment gâchent vraiment le plaisir de la lecture.

L’épouse de bois a reçu le Mythopoeic Award en 1997.

Pour aller plus loin, notamment en ce qui concerne la carrière et l’influence de Terri Windling, lire l’article intitulé Les Scribblies, in Panorama illustré de la Fantasy et du Merveilleux chez Les Moutons Électriques.

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