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Les USA toujours au coeur de l'Europe

Publié le 20 mars 2008 par Edgar @edgarpoe
SAV, activiste bien connu des habitués du blog de Jean Quatremer (moi j'ai arrêté, il devient fatiguant), écrivait ceci sur mon billet d'hier, consacré aux USA au coeur de l'Europe :

Bien entendu, les US ont fortement poussé à l'union de l'Europe occidentale dans les années 1950 et 60 : il s'agissait alors de s'opposer au bloc soviétique. Ce n'est pas un scoop. En revanche, depuis les années 1980 - 90, les US cherchent plutôt l'affaiblissement de l'Union européenne pour sauvegarder leur position de première puissance mondiale.
On peut donc en déduire qu'en étant eurosceptique, vous faites le jeu des US ;).

J'ai commencé à répondre mais finalement je crois que ça mérite un billet, que voici donc. Rejoignez-nous dans ce dialogue passionnant !


D'une part, qui a dit que j'étais opposé aux USA ? eux au moins ont une certaine idée de l'indépendance nationale et n'ont pas confié leur gestion au FMI (encore que, si ça continue...)

Par ailleurs l'Europe n'a jamais donné le moindre signe qu'elle pouvait servir à d'un possible rééquilibrage de la puissance américaine : elle n'intervient partout et toujours qu'en parfait supplétif des USA. Sur l'euro, il aurait fallu, pour donner du sens à cet outil, avertir bien plus tôt des dangers de la gestion américaine et de la nécessité d'une gestion des parités internationales. Le BCE et l'Europe ont raté leur première occasion majeure d'être utile à quoi que ce soit. En réalité, sur le sujet d'un monde multipolaire, les clivages entre pro-européens sont aussi forts qu'entre pro et anti européens (pardon, il n'y a pas d'anti Europe, que des alter...) Lire par exemple l'Euramérique, d'Hervé de Carmoy...

Et les USA sont partout présents dans le bastringue européen, encore aujourd'hui : regarde le Centre for European Reform, à Londres (avec Pascal Lamy dans son Board), rubrique rapport annuel, parmi les gentils financeurs : German Marshall Fund of the USA. Le GMF est un organisme public américain qui a été créé pour gérer les fonds du plan Marshall. Les autres financeurs sont aussi très largement américains : Accenture, Access Industries, APCO Worldwide, AstraZeneca, BAT, Barclays Bank, Berwin Leighton Paisner, The Boeing Company, BP p.l.c., British Bankers’ Association, BT, Citi, Chubb Investment Services, Clifford Chance, Daily Mail and General Trust, Deutsche Bank AG, EADS, EDS, The Economist, Euromoney, Finmeccanica, Fortis, Goldman Sachs, Group 4 Securicor, HBOS plc, JP Morgan, KPMG, Lehman Brothers, Lockheed Martin, Masterfoods, Merck, Merrill Lynch, Morgan Stanley, Rolls-Royce, Scottish & Newcastle, Shell, Telecom Italia, Tesco, Thales, The Royal Bank of Scotland, Time Warner Europe, UBS AG, Unilever and United Parcel Services.

Et le CER n'est pas 'importe quoi. Ils recevaient le gentil Barroso en mars dernier, pour évoquer la stratégie de Lisbonne.

Juste une question, SAV : tu crois que les USA se sont retirés du truc européen quand ?

Lis ce qu'écrivait il y a dix ans Brzezinski : « l'Europe deviendrait, à terme, un des piliers vitaux d'une grande structure de sécurité et de coopération, placée sous l'égide américaine et s'étendant à toute l'Eurasie. [...] Si l'Europe s'élargissait, cela accroîtrait automatiquement l'influence directe des Etats-Unis.  [...] l'Europe de l'Ouest reste dans une large mesure un protectorat américain et ses Etats rappellent ce qu'étaient jadis les vassaux et les tributaires des anciens empires.» Et Sarkozy vient d'offrir à l'Ukraine un accord d'association, qui préfigure généralement une adhésion, cadrant ainsi parfaitement avec les prédictions/recommandations de Brzezinski : élargir pour affaiblir.

On peut hausser les épaules en arguant que Brzesinski, cet ancien conseiller de Carter, ne représente que lui-même. Il se trouve qu'il est conseiller pour les affaires étrangères de Barack Obama. On risque donc d'en entendre parler à nouveau.

Bref, vous êtes gentils les pro-européens, on dirait cependant bien souvent que vous avez des yeux mais que vous ne voyez pas...


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